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Au sud de département de l'Aude, en plein pays cathare, les Corbières se redressent, les reliefs s'accentuent, les gorges se font plus profondes, les forêts et garrigues plus désertes, les rochers plus escarpés, les genêts plus ensoleillés, et même si les altitudes restent modestes, l'impression de hautes montagnes est particulièrement forte, tout comme l'impression de vivre au sud un climat d'une certaine âpreté car en ce mois de juin le fond de l'air restait frais, impression renforcée par un vent très fort, une tramontane qui n'a jamais faibli.
Cependant les villages ombragés de platanes et dont l'accent chante conservent au bord des torrents leur bel air méridional.
C'est là que Brigitte et moi allions atteindre l'objectif, le but du voyage, plus attendus encore que la découverte de la cité de Carcassonne ou de l'abbaye de Fontfroide : grimper, au faite de montagnes rocheuses, jusqu'aux nids d'aigles que représentent les châteaux médiévaux, solides bastions ayant défié les siècles.
Forteresses dont la construction, en ces lieux inhospitaliers, arides, battus par les tempêtes, où il faut se contenter de l'eau du ciel recueillie dans des citernes, représentaient pour les bâtisseurs un véritable défi ; on peut imaginer les difficultés et les souffrances engendrées par de tels chantiers de géants, avant l'ère de la mécanisation.
Pour gagner ces châteaux perchés le randonneur doit se munir de bonnes chaussures et d'un bâton de marche pour gravir d'abord un sentier escarpé, battu par le vent agitant les chênes-verts, puis préserver son souffle dans les escaliers interminables accrochés au roc.
PEYREPERTUSE
C'est particulièrement vrai au château de Peyrepertuse à Duilhac-sous-Peyrepertuse dont l'occupation humaine date des Romains, dont l'histoire remonte au 11e siècle, et dont les murailles semblent se confondre totalement avec les verticales rocheuses. Enceinte basse et son donjon, enceinte médiane et donjon Saint-Jordi constituent un ensemble formidable, d'abord propriété de Guillaume de Peyrepertuse - qui refusa d'abord de faire sa soumission lors de la croisade des Albigeois - puis aménagé par saint Louis qui fit réaliser l'escalier portant son nom aujourd'hui (et que l'on gravit toujours). Forteresse royale française avancée sur les confins du royaume d'Aragon, Peyrepertuse perdit son intérêt stratégique avec le traité des Pyrénées en 1659.
QUERIBUS
Du château de Peyrepertuse on aperçoit sur la hauteur voisine un autre géant, un autre nid d'aigle, sur ses rochers escarpés : c'est le château de Quéribus, un peu plus facile d'accès que Peyrepertuse mais qui nécessite aussi une sacrée grimpette à tel point que l'ascension (comme à Peyrepertuse) est déconseillée par grand vent et interdite quand l'orage menace, malgré l'installation de paratonnerres.
Situé au dessus de Cucugnan, village fameux par le Sermont du Curé de Daudet, le château de Quéribus offre une vue imprenable sur les Pyrénées et sur le Pic du Canigou, 2784 mètres, dont la neige n'avait pas encore totalement disparu début juin. Quel panorama ! Cité dès le 11e siècle, Quéribus gardait au 12e siècle le nord de l'Aragon et il abrita lors de la première croisade contre les Albigeois les religieux cathares. En 1255 ce « fils de Carcassonne » fut le dernier bastion méridional à tomber aux mains des croisés, 11 ans après Montségur. Les ruines fort bien conservées sont explicites quant à l'architecture de défense de l'époque et l'on y admire caserne, salle voûtée (superbe), citerne, corps de logis, chemin de ronde, cheminées : une visite passionnante évoquant aussi la vie quotidienne au Moyen-Age dans ces espaces reculés, isolés en plein ciel.
Pas davantage que pour Peyrepertuse je ne vais vous décrire ce haut-lieu (728 mètres) dans le détail, vous engageant tout simplement à vous rendre dans cette belle région des Corbières et de l'Aude.
AGUILAR
La journée s'est achevée, sans ascension, seulement pour la vue, par le château d'Aguilar faisant aussi partie des 5 fils de Carcassonne et qui est perché sur une colline surplombant le vignoble du Haut Fitou et la garrigue. Partout on peut visiter caves et châteaux vignerons. C'est Louis IX qui plaça en 1246 une garnison dans cette forteresse du 12e siècle qui surveilla donc la frontière avec l'Aragon.
SAINT-MARTIN-DE-TOQUES
Je terminerai par le château élevé de Saint-Martin-de-Toques, photographié lors de l'excursion à Fontfroide dont il est voisin et domine la forêt.
Inscrit aux Monuments historiques, ce domaine privé, bien restauré au 20e siècle, est déjà cité dans un texte du 10e siècle. Surplombant de riches vallées, il occupait une position stratégique à proximité de Narbonne. Le coup d'oeil mérite un détour et du reste, le long des routes, vous trouverez bien d'autres ruines de châteaux perchés que je ne cite pas ici
Ci-après photos de Peyrepertuse
Voire carte en bas de page.
PS : j'ajouterai que Peyrepertuse fait partie des destinations trois étoiles du Michelin avec Fontfroide et Carcassonne, que Quéribus mérite ses deux étoiles...
CI-APRES CHATEAU DE QUERIBUS
CI-APRES CHATEAU D' AGUILAR PUIS DE SAINT-MARTIN-DE-TOQUES
