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J'imagine que beaucoup auront reconnu, dans mon petit journal d'hier, un aspect de la formidable cité de Carcassonne que je vais essentiellement présenter en images après une visite qui nous a particulièrement emballés. Essentiellement en images car évoquer toute l'histoire de ce haut lieu du pays cathare dépasserait les limites d'un article de blog, tout comme la réalité de la forteresse médiévale toujours admirable aujourd'hui dépasse les limites de l'imagination.
On ne peut, en arrivant à Carcassonne, qu'éprouver un choc esthétique et historique car ce sont des millénaires qui surgissent et s'imposent de manière grandiose ! C'est comme se trouver en face d'une pyramide aztèque ou égyptienne ou encore de peintures murales préhistoriques enfouies dans quelque cathédrale souterraine...
Au nord des Pyrénées, à l'ouest de la Méditerranée, nous sommes sur une éminence dominant le fleuve Aude qui a donné son nom à un département particulièrement ensoleillé. C'est en ce lieu stratégique que fut édifiée l'enceinte gallo-romaine sur la base de fortifications remontant à plusieurs siècles avant Jésus-Christ. Surmonté de dizaines de tours, l'extraordinaire double muraille, séparée par les lices devenues promenades, à pied ou voiture à cheval, protège un dédale de rues particulièrement vivantes, mais aussi deux monuments de première importance, le puissant château du 12e siècle et la basilique Saint-Nazaire dont contrastent la nef romane et le chevet gothique aux merveilleux vitraux ayant traversé les siècles.
LA DYNASTIE DES TRENCAVEL
Ce fief des Trencavel est intimement lié à l'histoire cathare, Carcassonne ayant été assiégée et prise en 1209 lors de la croisade contre l'hérésie cathare à laquelle le pape Innocent III avait appelé.
Née au début du second millénaire, la religion (ou mouvement) cathare se basait, outre les notables différences de dogme, notamment sur la recherche de la pureté nécessaire au salut de l'âme et sur une certaine forme de manichéisme ; elle représentait aussi une critique de l'église catholique romaine, jugée trop opulente et corrompue. Prônée par les « parfaits » ou « bonshommes », elle fut par conséquent considérée comme hérétique et combattue lors la "guerre sainte" initiée par le pape. La première croisade contre les Albigeois (autre nom donné aux Cathares) fut entreprise (croisade des barons) sous le roi de France Philippe Auguste en 1209 et la seconde croisade par son fils Louis VIII en 1226, les opérations militaires ayant été prolongées, pendant de longues années, par la répression de l'Inquisition, jusqu'à la mort du dernier « parfait » connu, Guillaume Bélibaste qui succomba sur le bûcher en 1321 - ainsi que le fait revivre aujourd'hui le château de Villerouge-Termenès (un peu plus au sud-est).
L'HERITAGE DE VIOLLET-LE-DUC
C'est grâce aux immenses travaux de restauration, dirigés par l'architecte Viollet-le-Duc au 19e siècle (personnage fécond, célèbre, mais parfois controversé) dont nous avons retrouvé la trace jusqu'au Mexique, que nous pouvons admirer aujourd'hui dans un merveilleux état de conservation les fortifications de Carcassonne, restauration lui donnant presque l'allure d'un décor idéal de cinéma (comme si la ville avait traversé les siècles sans subir les outrages du temps) attirant la grande foule des touristes envahissant les rues vouées au commerce. Cette ambiance de foire, c'est la rançon d'un succès bien compréhensible, mais si Carcassonne, en pays cathare, présente bien des aspects de la perfection, ceux qui la gèrent aujourd'hui devraient mieux en soigner la signalétique et le balisage. Exemple parmi d'autres, il serait précieux que le passage des lices vers la basilique Saint-Nazaire soit fléché. Et que les piétons soient protégées des voitures y passant un peu vite. Des cités plus modestes, comme Lagrasse, sont exemplaires en la matière. Alors pourquoi pas une si puissante capitale où quelques panneaux même modernes ne constitueraient pas une hérésie !
A noter que Carcassonne figure au patrimoine mondial de l'Unesco dont le site détaille bien l'histoire. Cette cité est visitée chaque année par deux millions de touristes
Dans la basilique, vous aurez peut-être la chance d'entendre le choeur Doros interprétant des chants orthodoxes et traditionnels russe (photo).
