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Mon plaisir de ressortir les livres d'Erik Orsenna quand la langue française vacille
Plaisir que j'ai envie de partager : après la parution de cet article, j'ai reçu cet e-mail d'Erik Orsenna, grand monsieur qui sait être simple :

"Merci ! La journée commence bien grâce à vous. Merci. ERIK ORSENNA"

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Entre mon journal local qui perd son français et la télévision que gagne l'anglais*, notre belle langue se dilue, prenant l'eau comme un bateau à la dérive. Alors, pour échapper aux averses répétées de cet automne de notre idiome hexagonal, j'ai couru vers ce bon vieux soleil réconfortant que représente pour moi Erik Orsenna, je me suis mis à l'abri de son parapluie multicolore merveilleusement baptisé « La Grammaire est une chanson douce ». Datant de 2001 l'ouvrage n'est pas récent, mais il reste d'une actualité brûlante en évoquant deux jeunes naufragés qui se retrouvent sur une île étrange dont les habitants sont des mots, mots menacés par une Madame Jargonos fort occupée à les découper, à leur retirer « tout le sang, tout le suc, les muscles et la chair » pour ne laisser de la langue française que des « lambeaux racornis ».

Dans « La grammaire est une chanson douce » Erik Orsenna nous alerte sur la mort des choses quand elles ne sont plus nommées et aussi sur la disparition des langues qui s'éteignent faute d'avoir été parlées, entraînant avec elles tout ce qu'elles désignaient. Dramatique éradication.

A l'inverse, quelle joie anime les mots sortis de l'oubli : ils s'étirent, ils s'ébrouent, heureux de prendre l'air après des siècles de confinement.

En effet, dans leur « ville des mots », ils volettent, ils caracolent, ils cabriolent comme des chevaux fous, comme des papillons ivres : « Plaisir », « Soutien-gorge », « Huile d'olive »... quelle jolie kyrielle !

Les mots s'organisent en tribus comme les humains et chaque tribu a son métier, explique Erik Orsenna, celles des articles qui marchent devant en agitant une clochette, des noms qui étiquettent les choses, des adjectifs qui les habillent. Voilà donc un propos jubilatoire, presque déjanté quand le pou, le hibou, le genou se moquent de la marchande des « s » qui dit-elle sont adhésifs : « Vous n'aurez qu'à vous les coller sur le cul pour devenir des pluriels » ce que rejettent les noms en « ou » préférant le « x » des films érotiques, ce qui pousse la marchande à s'enfuir en rougissant !

Par cette rubrique, j'espère vous avoir rappelé le bon goût d'une langue française à savourer en gastronome. Après « La Grammaire est une chanson douce » vous vous laisserez tenter par « Les Chevaliers du subjonctif » du même auteur, jeune académicien qui fut une plume de François Mitterrand et qui avec une adorable simplicité, me laissa un beau jour, en réponse à une missive, un long et aimable message sur mon téléphone portable... Enregistrement perdu, mais jamais oublié !

A l'automne des mots que nous aimons, Orsenna fait reculer l'hiver. Sur son site on trouvera son actualité, et ses fécondes productions : http://www.erik-orsenna.com/

*Voir une précédente rubrique de ce petit journal

Copie d'écran d'une vidéo publiée sur le site d'Erik Orsenna : un sourire vraiment engageant

Copie d'écran d'une vidéo publiée sur le site d'Erik Orsenna : un sourire vraiment engageant

Couverture, légèrement recadrée, d'un bien beau livre

Couverture, légèrement recadrée, d'un bien beau livre

Tag(s) : #Livres, #Culture
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