Au château familial de Demigny, la mémoire du marquis de Foudras
Le musée de la chasse, évoqué dans ces pages, se trouve donc dans une dépendance ancienne du château de Demigny, en Saône et Loire, que nous avons visité par un temps de canicule, contre laquelle les ombrages du parc à l'anglaise nous furent précieux ! Rien ne vaut l'ombre d'un arbre deux fois centenaire !
Accueillis par la fille de la propriétaire, laquelle guidait ensuite la visite dans l'amour de son beau domaine, qualifié de maison familiale, nous avons pu apprécier l'authenticité du lieu que valorise la même lignée depuis 1932, gardant en mémoire la belle vue qu'offre le balcon du premier étage sur le vignoble bourguignon et en particulier, au-delà des tournesols, sur la fameuse côte de Beaune, distante de 10 km
Le château se trouve sur la modeste hauteur dominant le village de Demigny et il fut au départ, expliqua notre guide, un petit château militaire, une forteresse pour protéger Beaune des rois de France, aspect stratégique qu'il perdit pour devenir une maison de plaisance qui subit donc des modifications. Il allait gagner en célébrité, dans le monde de la vénerie, avec l'arrivée de la famille de Foudras. Au moment de la Révolution, Alexandre de Foudras s'exila en Silésie prussienne, se maria avec une comtesse, Marie-Antoinette de Schlegenberg. S'ensuivit la naissance en 1800 de Théodore de Foudras sur lequel je reviendrai.
A son retour en France, Alexandre de Foudras fit reconstruire le château (style Directoire) qui fut achevé en 1805 mais qui conserva sa belle et ancienne grille de ferronnerie. La visite du château permet d'en admirer ce style du début 19e siècle incluant bien des éléments anciens qui ont été préservés. Après avoir admiré le bel escalier dont la rampe est ornée des lettres du mot FOUDRAS, on apprécie le parquet à la Chantilly, typique du 17e siècle et aussi le superbe décor des deux salons agrandis, prenant de la profondeur par le jeu des miroirs. Les motifs décoratifs, en relief sur fond gris, sont inspirés de l'Antiquité et montrent notamment des « victoires » : un décor, a précisé notre hôtesse, qui est plus d'inspiration parisienne que bourguignonne.
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Ces lieux élégants étaient bien adapté à la réception, notamment à l'occasion des chasses, atmosphère qui inspira plus tard Théodore qui, sous l'appellation de Marquis de Foudras, devint non seulement écrivain (voir document du musée de la chasse), mais de surcroît créa le roman cynégénique et est toujours apprécié des passionnés de vénerie. Dans cet esprit, le château de Demigny est du reste le siège de la Société des Gentilshommes Chasseurs créée pour honorer la mémoire de l'homme de lettres : elle fut initiée à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Théodore de Foudras, au début donc de ce millénaire
Dans la vaste dépendance du 18e où se trouve le musée, il faut aussi admirer un grand pressoir à roue datant de 1777, élément d'autant plus important que le château est en train de redevenir vigneron avec la plantation d'une vigne (du chardonnay) au-delà du saut de loup qui ferme le parc à l'arrière, un parc où se remarquent de très beaux arbres d'ornement dont un séquoia, des ifs à fort gros troncs, des cèdres, des tilleuls, etc. un lieu où il est loisible de flâner après la visite de ce château hospitalier où peuvent être organisés des séminaires et grandes réceptions dans un cadre enchanteur qui fut aussi, j'allais oublier de le signaler, la propriété, au 19e siècle, d'Emile Guimet, fameux orientaliste dont les collections furent à l'origine du musée des arts asiatiques de Paris.
Voir ici pour les renseignements pratiques, visites en juillet et août
http://www.chateaudedemigny.com/pages/seminaire.htm