Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Abbaye de Fontenay (3)

Pour le touriste épris de beauté, l'élégance romane, sobre comme le beau jardin lui servant d'écrin, de l'abbaye de Fontenay, offre l'impression d'être en paradis. Cependant, à la création de ce monastère, il y a neuf siècles, par Bernard de Clairvaux qui lui même venait de Cîteaux, les conditions de vie n'étaient pas faciles et même austères en ces lieux marécageux et sans doute inhospitaliers. C'est ce qui ressort du propos de la guide-conférencière évoquant le choix du lieu par les ressources qu'il offrait, le silence, le calme, mais aussi l'eau, le bois et la pierre pour construire.

UN LIEU SAUVAGE RICHE DE RESSOURCES

Les moines ont donc commencé à canaliser l'eau, à assainir le terrain, à élever des poissons, à bâtir sur la rivière le moulin producteur d'énergie, permettant d'abord de moudre le blé (pour alimenter la boulangerie). Et c'est ainsi que génération après génération le lieu d'abord inculte est devenu très riche, connaissant son apogée au 14e siècle, et le début de son déclin, au 16e quand les rois commencèrent à nommer les abbés, dits alors commendataires…Ces abbés là se firent construire un élégant logement, à admirer mais non visitable.

Au temps de la prospérité de Fontenay, les moines étaient fort nombreux et ne connaissaient pas des conditions de vie bien confortables, ce qui n'était pas leur objectif premier puisque ces cisterciens, bénédictins réformés, avaient voulu retrouver la rigueur de la règle de saint Benoit oubliée par les moines de Cluny .

(Bourgogne du sud)

 

DORTOIR COLLECTIF

 

A Fontenay, les moines connaissaient de très longues journées de travail et aussi de prière, dans leur abbatiale belle certes, mais dépouillée dans son décor, la seul statue admise étant celle de la Vierge, enfant dans les bras, en sa qualité de mère. Leur dortoir même était collectif, sans confort ni chauffage : une centaine de personnes pouvaient y dormir, à même le sol irrégulier, caillouteux, sur de simples paillasses, sans intimité, à peine séparées par des cloisons basses. La règle stipulait que tous devaient dormir dans le même pièce et comme tous devaient se lever en pleine nuit pour assister à l'office, le son de la cloche était déclenché par une ingénieuse clepsydre (telle un sablier fonctionnant avec de l'eau au volume savamment calculé).

Quant au cloître, toujours superbe, il était un lieu de lecture, étude qui commençait dans la partie nord pour se poursuivre ensuite vers le sud, une progression symbolique vers la lumière !

Le cloître de Fontenay est de toute beauté !

Il faut imaginer qu'à côté de ces moines priants, il y avait les convers, plus nombreux encore, chargés de maintes tâches matérielles, qui disposaient de leur propre dortoir. Ils étaient d'origine paysanne et venaient chercher au monastère nourriture, logis et sécurité, en échappant là au servage du seigneur.

On peut aussi imaginer, dans la salle du chapitre, l'ambiance qui y régnait quand chacun venait y battre sa coulpe, c'est à dire avouer ses manquements, devant la communauté réunie. Par contre, en cas de conflit entre les moines, l'abbé jouait un rôle de médiateur, mais dans l'intimité du parloir plutôt que dans la salle du chapitre. Le chef de la communauté préférait désamorcer rapidement les problèmes entre les frères.

UN SCRIPTORIUM GLACIAL

Faisant partie de la salle des moines, le scriptorium étaient le lieu de travail des copistes ; il y faisait très froid l'hiver et l'encre, comme les doigts pouvaient y geler d'où la présence voisine  du chauffoir où près d'une cheminée les moines redonnaient vie à leurs mains engourdies. Le chauffoir servait aussi de salon de coiffure où les moines se rafraîchissaient mutuellement la tonsure! C'était aussi le lieu de pratique des saignées rituelles dont le but n'était pas que médical car il s'agissait aussi, en même temps que le sang, de faire s'échapper le Diable ! Ces saignées importantes pouvaient en fait être dangereuses pour la santé !

Autre lieu passionnant, la forge, qui apportait d'autres ressources aux religieux puisqu'ils fournissaient en outils les habitants de la région. Une forge qui après avoir demandé de gros efforts physiques (le fer était battu à la main) a été modernisée avec la création de martinets, marteaux hydrauliques mus par un moulin avec l'énergie de l'eau de la rivière de Fontenay proche. Ainsi, au début du 13e siècle, les moines voués au spirituel étaient aussi à la pointe du progrès technologique. Il faut ajouter que les moines se faisaient mineurs, exploitant le minerai de fer de la colline proche de l'abbaye. Fontenay était donc riche de ressources !

VISITE GUIDEE

Ainsi qu'on le voit, la visite guidée est précieuse puisqu'elle complète le dépliant qui remis à l'entrée remplace la signalétique. Une option donc à choisir pour visiter Fontenay qui ne pourra que faire forte impression, que l'on croie au ciel, ou qu'on n'y croie pas (!) et que je continuerai à trouver idyllique, même si ce n'était pas l'objectif de sa création !

Tous les renseignements sur Fontenay aujourd'hui : http://www.abbayedefontenay.com/fr/


 

Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Un trésor bourguignon, l'abbaye de Fontenay (3)
Tag(s) : #Patrimoine, #ABBAYE, #FONTENAY, #Bourgogne
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :