Volailler Doux : Garder les emplois à n'importe quel prix ?

Peut-on et doit-on sauver des emplois à n'importe quel prix ? C'est tout le débat que suscitent les difficultés financières du volailler Doux, champion de l'exportation de poulets dont les problèmes et les pertes astronomiques constituent un feuilleton qui revient régulièrement dans les médias depuis des années.
Très franchement, j'ai été écœuré par les images vues hier soir sur TV5 monde, images d'une chaîne de milliers de carcasses de poulets, carcasses dégoulinantes qui laissent imaginer l'univers concentrationnaire des élevages se trouvant en amont, avec combien d'oiseaux au mètre carré, même si les règlements sont respectés ?
Et voilà que ce genre de production est menacé, au plan économique, par la concurrence étrangère qui arrive à produire encore meilleur marché (infernale concurrence) ces pauvres bestioles fabriquées par des usines à viande. Bien sûr la disparition de l'entreprise Doux serait accompagnée d'une dure casse sociale avec la perte de plus de mille emplois tandis qu'un repreneur étranger potentiel (ukrainien) promet de limiter les dégâts en matière d'emploi, se montrant prêt à investir beaucoup à condition de recevoir, pour ce faire, d'importantes subventions publiques qui seraient, selon le journal Challenge, à hauteur de 70 millions d'euros. 70 millions d'euros c'est à dire plus de 70 000 euros par emploi sauvé, mais avec quelle véritable garantie pour l'avenir ?
Alors, serait-il raisonnable de continuer à soutenir un modèle économique pour le moins contestable et contesté, difficilement soutenable au plan écologique, voire au plan éthique, si l'on prend en compte les conditions de vie et de mort des animaux ?
Je ne suis pas sûr que l'Etat soit enclin à verser d'aussi énormes subventions dans ce domaine. Avec de telles sommes on pourrait, au lieu de sauvegarder des emplois industriels, favoriser la création de centaines et de centaines d'emplois dans le domaine de l'agriculture et de l'élevage bio,sur de petites exploitations, rendant ainsi, à la vie naturelle, des milliers et des milliers d'hectares.
Il est des domaines stratégiques où l'état se doit de soutenir financièrement des entreprises qu'on ne pourrait pas raisonnablement laisser tomber même en cas de déficit, je pense notamment à la santé, aux transports, à l'énergie, au logement. Mais en ce qui concerne l'élevage et l'export de poulets vers l'Arabie saoudite, il y a sans doute à choisir des voies nouvelles correspondant mieux aux aspirations grandissantes de notre époque.
Copies d'écran de France 2 sur TV5 Monde
(Si je reprends ce sujet déjà évoqué par les médias, c'est parce qu'il m'a semblé que manquait son traitement sous cet angle...)