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PHOTO / D. A. droits réservés

Voici une bonne lecture pour le week-end !

Alors que les problèmes d'environnement continuent à menacer gravement la planète et l'humanité toute entière, je viens de retrouver, dans les profondeurs de mon ordinateur, un article vieux de 12 ans, mais qui reste hélas d'actualité, et qui peut nous amener à réfléchir.

Il était consacré à la conférence donnée, à Boulogne-sur-Mer, par Jean-Marie Pelt, pharmacien, biologiste, botaniste, écologue, qui décédé il y a près de deux ans, fut le président fondateur de l'Institut européen d'écologie. Un grand monsieur qui avait tout fait pour alarmer ses concitoyens et auquel je rend hommage aujourd'hui en republiant l'article qu'avait diffusé le journal Mon Oeil sous mon pseudonyme de l'époque. Compte rendu d'un enseignement qu'il nous faut garder en mémoire ! Aujourd'hui, J.M. Pelt n'aurait pu que constater qu'il est presque trop tard...

 

Conférence de Jean-Marie Pelt
Environnement et planète Terre : la cote d’alerte est atteinte

 

Vous, moi, à droite, à gauche, au centre : tout le monde se sent aujourd’hui vaguement écolo.

Juste un peu écolo car chacun s’accorde à penser que c’est bien de faire quelque chose pour l’environnement, qu’il faut polluer moins et mettre sagement ses bouteilles dans le conteneur à verres.

Juste un peu car chacun se montre prêt à admettre qu’il faudrait agir davantage pour la Planète.

Mais bien trop peu, et ça ce n’est pas juste, car les habitudes ne changent pas ou si lentement, car nous continuons tous, non seulement à gaspiller et à polluer, mais aussi à être imprégnés de la pensée dominante régissant notre société matérialiste : une pensée qui n’évolue pas, car la volonté de croissance reste basée sur l’augmentation de la consommation, et non sur l’amélioration de la condition humaine.

La croissance Zéro est restée mythique et c’est dans ce contexte que Jean-Marie Pelt, président de l’institut européen d’écologie, était venu sur la côte d’Opale pousser un cri d’alarme dérangeant, préconisant même une rupture radicale avec le système.

On ne peut pas dire qu’à Boulogne Jean-Marie Pelt ait prêché dans le désert car il a été entendu attentivement par plus de 400 personnes, mobilisées par des associations qui ont commencé à agir dans la mesure de leurs moyens : Boulonnais Nature Environnement, la Jeune Chambre Économique, les Artisans du Monde, Opale Bio. Autant de gens auxquels il arrive de continuer à utiliser une voiture, à regarder la télé et à manger des petits pois en boîte, mais qui déjà, mettant dans leur quotidien le souci de l’écologie, sont aptes à comprendre et à diffuser le message d’un Jean-Marie Pelt, ambassadeur européen de l’environnement.

Message révolutionnaire

Un message qui est vraiment révolutionnaire face à l’immobilisme ambiant faisant que nous autres Terriens, on ne le dira jamais assez, nous allons directement dans le mur, croyant peut-être qu’un miracle nous sauvera in-extremis d’un redoutable choc frontal avec la réalité. Non seulement ce miracle est improbable mais déjà une grosse partie de l’humanité vit dans l’enfer promis au plus grand nombre si nous ne changeons pas fondamentalement notre façon de penser, de nous organiser, de construire l’avenir.

Jean-Marie Pelt a bien insisté sur un point capital : l’épuisement des ressources que nous gaspillons aujourd’hui, ce n’est pas pour après-demain, mais pour demain. De surcroît, avant de concerner nos petits-enfants, ça concerne nos enfants : ceux qui actuellement vont encore à l’école ou entrent péniblement dans le monde du travail.

Pour nous permettre de bien visualiser les choses, Jean-Marie Pelt a justement rappelé que les zones, quasi désertiques aujourd’hui, qui entourent la Méditerranée, étaient couvertes de forêts il y a quelques millénaires ou même centaines d’années, qu’en 60 ans, la moitié des forêts tropicales humides a disparu, et que leur destruction massive continue à un rythme inquiétant. Du pétrole, nous en avons encore pour quinze ans, au maximum pour trente ans selon les prévisions les plus optimistes. La consommation s’emballant, nous allons donc vers de graves tensions d’autant plus que la ressource en gaz est également limitée, que les centrales nucléaires sont menacées d’obsolescence, que la mer s’appauvrit à cause de la surpêche, de la pollution et du réchauffement des eaux. L’eau et l’air purs vont devenir de plus en plus rares tandis que prolifèrent les substances chimiques que nous ingérons. Elles sont toxiques, cancérigènes, et même pour certaines, attention messieurs, féminisantes… (régulièrement de nouveaux scandales apparaissent)

Quant aux OGM, alors que 75% des gens n’en veulent pas, elles sont soutenues par un lobby, portées par quelque 8 multinationales

Le désastre se trouve à un horizon très proche quand la démographie galope encore, quand les privilégiés continent à consommer la plus grosse part d’un gâteau déjà devenu trop petit. Il faudrait les ressources de 7 terres pour vivre à l’américaine, de 3 terres pour subsister à la française. Mais si tout le monde sur Terre vivait comme un érythréen, un seul tiers des ressources suffirait !

En fait, ce qu’il faut aujourd’hui dénoncer, c’est le principe qui préside, c’est la religion en vogue : cette croissance que les hommes politiques continuent à promouvoir alors que nous consommons actuellement les ressources de 1,35 terre. Le dogme fondamental de la croissance s’appuie sur la vertu qu’on lui prête : d’être créatrice d’emplois. Or on se rend compte que malgré une croissance qui progresse, il n’y a pas d’avantage d’embauche. Le dogme vacille et même s’effondre, quand les machines remplacent les hommes !

Épuisant les ressources et étouffant sous les déchets, nous faisons donc la course à l’augmentation du produit intérieur brut, et le système, une fois décortiqué, révèle bien des absurdités.

Ainsi, par exemple, pour développer l’industrie automobile, il faudrait beaucoup d’accidents de la route, comme il faudrait beaucoup de blessés pour faire travailler les hôpitaux, beaucoup d’eau polluée pour booster l’industrie de l’épuration… Par contre l’eau et l’air pur, quand ils existent encore, n’entrent pas dans la croissance. Il s’agit là d’ un concept vraiment étrange pense Jean-Marie Pelt qui a pris l’exemple des téléphones portables. Ils représentent un besoin créé de toutes pièces car il y a encore quelques années on se passait fort bien de ces petites machines diaboliques qui vont à la poubelle dès que périmées, même si elles fonctionnent encore. La croissance marche donc en créant de nouveaux besoins alors que les nécessités élémentaires des humains ne sont pas satisfaites : logements décents, nourriture équilibrée, eau potable qui manque à des centaines de millions de personnes sur tous les continents

L’éco au service de l’homme

Seul un développement vraiment durable, ce qui implique de nouvelles solidarités à établir dans un monde hyper compétitif et hyper agressif, pourrait sortir l’humanité de l’impasse. L’économie doit être au service de l’homme, et non l’homme au service de l’économie. La solidarité doit s’exercer avec les générations futures comme avec les populations des pays les plus démunis. Il s’agit donc de bâtir un univers totalement différent de celui dans lequel nous vivons en associant l’économie et l’écologie.

Une voie à suivre serait celle de l’agriculture biologique mais en France, pense Jean-Marie Pelt, nous sommes très en retard en matière d’environnement. Pour combler ce retard, pour mettre en pratique le développement durable, très rapidement car nous nous trouvons dans l’urgence, il faut choisir le bon échelon.

Jean-Marie Pelt croit en l’échelon communal car les villes, ne se trouvant pas en compétition, peuvent aller très vite. Très vite pour faire reculer un système dont le moteur est l’argent, pour faire progresser la vision des personnes s’inscrivant dans le développement durable qui préconisent une marche de l’économie fondée sur les besoins des consom’acteurs et des éco-citoyens.

Une vraie révolution donc nécessitant de changer la vie dès l’éducation, de donner du poids aux associations afin de rendre les comportements plus solidaires.

Nous en sommes encore bien loin, convenons-en, alors que se lisent toujours les mots « liberté, égalité, fraternité » aux frontons de la République, une devise bien mal appliquée… Alors que cela fait 2000 ans que l’amour du prochain préconisé dans l’évangile est resté bien théorique, voire lettre morte…

C’est ce que nous inspire l’ultime confidence en forme de testament laissée par Théodore Monod à Jean-Marie Pelt : « le monde serait différent si on essayait de s’aimer pour de bon »

Une phrase qui pourrait étonner dans notre journal satyrique ? Alors rappelons une fois encore que rien n’est plus subversif que l’amour !

Et plus vertueux que la guerre ?

C’est du moins ce qu’on a tant voulu nous faire croire…

 

Loi sur l’énergie

 

Dans ces domaines, nous ne sommes pas prêts d’ évoluer vraiment. Ainsi les associations écologistes comme Boulonnais nature environnement regrettent que la Loi sur l’énergie qui vient d’être adoptée confirme l’entêtement nucléaire de la France et l’incapacité des dirigeants à adopter une politique énergétique responsable : il y a déconnexion entre les objectifs affichés et les moyens mis en œuvre, le texte adopté ne permettant pas à la France d’atteindre ses objectifs de réduire de 75 % les émissions de gaz à effet de serre ni de respecter ses engagements vis à vis de l’Europe d’atteindre 21% d’énergies renouvelables dans la consommation d’électricité, ce du fait des dispositions défavorables à l’éolien.

Quant aux ONG françaises militant pour l’environnement, qui insistent sur la gravité de menaces telles que les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité, elles regrettent la place insuffisante accordée à ces problématiques dans la feuille de route fixée par le chef de l’État au nouveau gouvernement. Nous sommes en fait, en France, beaucoup plus forts en belles paroles et déclarations qu’en actes concrets.

Les associations comme France nature environnement, la LPO, WWF, Nicolas Hulot, Union mondiale pour la Nature, le ROC demandent donc que l’environnement devienne une priorité gouvernementale, à l’égal du social, ce domaine correctement exploré pouvant offrir un immense gisement d’emplois.

Alors qu’attend-on, par exemple, pour débroussailler efficacement la forêt du Midi en y créant des milliers de postes, en y mettant vraiment et durablement les moyens, avant que la France du Sud ressemble à un petit Sahara?

Mn Papillon

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Tag(s) : #Environnement, #Vie quotidienne, #Actualité, #Culture, #Politique, #Edito
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