La Hacienda de Cortés à Jiutepec, superbe lieu de confort, mais aussi de mémoire, et patrimoine colonial, près de Cuernavaca.
Evoquée précédemment la Hacienda de Cortés, où se trouvent un hôtel, un spa et un restaurant fort accueillants, représente un cadre idéal pour célébrer le cap des trois quarts de siècle, n'est-ce pas Jean-Claude ? (Voir article précédent) Mais c'est aussi un haut lieu du patrimoine colonial dont voici, par l'image, quelques aspects.
A une altitude plus faible que celle de Cuernavaca, donc dans un climat un peu plus chaud, nous sommes, sur des pentes adoucies, à Jiutepec, dont la vallée est riche de plantations diverses, de pépinières, voire de bosquets de bambous.
On comprend donc que le conquistador Hernan Cortés, devenu marquis de la Vallée de Oaxaca, un domaine grand comme un pays, l'ait choisi pour réaliser, en un lieu nommé à l'époque San Antonio Atlacomulco, une superbe hacienda, coeur d'immenses plantations de canne dans le but de produire dans le même lieu du sucre puisque cet endroit fut celui de la seconde sucrerie de la Nouvelle Espagne.
On cultive d'ailleurs toujours la canne à sucre au sud de Cuernavaca. Dans cet objectif, au début donc du 16e siècle, Cortés fit construire un aqueduc de 1680 mètres de long pour amener l'eau des sources abondantes de Chapultepec, qui forment toujours une cascade et une rivière dans la hacienca d'aujourd'hui.
Bien sûr, depuis 5 siècles ces espaces ont évolué, mais on peut s'y promener dans des vestiges superbes où la maçonnerie respectée s'harmonise et s'entremêle avec la végétation, les troncs d'arbres s'intégrant aux murailles et arcades, produisant des effets magiques. Dans ce parc sur lequel donnent les chambres, le restaurant, la piscine hérissée de colonnes, il fait bon flâner, admirer les statues dont celles de Cortés, et une autre de la Vierge, s'intéresser à l'immense variété botanique, goûter un art de vivre, d'autant plus que l'accueil est particulièrement aimable, et il faut le dire que le rapport qualité-prix est sans reproche.
Cependant en visitant cet équipement colonial créé après la conquête du Mexique par les Espagnols, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour une population indigène qui, placée sous leur joug, connut le servage et fut décimée (j'ai lu qu'au Mexique elle passa de 25 millions avant la conquête à moins de 2 millions d'habitants au début du 17e siècle) notamment par les épidémies et le travail forcé tandis que la culture aztèque était détruite et bien des monuments rasés.
Une réflexion que l'on peut se faire en maints lieux coloniaux de ce pays (fier aujourd'hui de ses libérateurs et révolutionnaires) tandis que symboliquement, à Cuernavaca, la statue de Cortés, qui se trouvait avenue Teopanzolco (du nom de la pyramide proche) a été déboulonnée il y a quelques années pour être remplacée par la noble silhouette de Cuauhtémoc, le dernier empereur aztèque. Pour en savoir davantage ne manquez pas d'aller lire l'article de Wikipédia sur Hernan Cortés, c'est assez édifiant !
Bon, mais ne boudons pas notre plaisir, la hacienda de Cortés est devenue un haut lieu de mémoire, au même titre que les châteaux somptueux, au luxe inouï, que nous admirons en France et qui évoquent bien d'autres abus et iniquités de l'absolutisme…
***Et même, en ce début de millénaire, les Ors de la République n'abritent pas toujours une éthique parfaite ! C'est une autre question, mais suivez mon regard...