Si bien des haltes me sont agréables lors de balades cyclistes à Cuernavaca, par exemple chez Mario au kiosque à journaux, il en est une qui me garantit un sourire au retour à la maison, celle chez Oscar le fleuriste installé à la porte du vaste cimetière du quartier de San Anton. Solide gaillard, Oscar m'accueille toujours avec le sourire et j'aime bien bavarder avec lui, d'autant plus que son accent est accessible à mon oreille, ce qui n'est pas le cas de tous les timbres de voix dans ce pays. Nous nous entendons donc bien, et j'aime qu'il me précise que toutes ses fleurs sont forcément fraîches puisqu'elles sont produites dans l'état voisin de Mexico, à quelques dizaines de kilomètres de là, et que l'état de Morelos dont Cuernavaca est la capitale est producteur de roses (on en vend même par brassées au bord de l'autoroute d'Acapulco). Alors quand je lui raconte que beaucoup de fleurs vendues en France sont importées d'Afrique ou d'Amérique du Sud, et voyagent donc des milliers de kilomètres, cela l'étonne quelque peu. Il me faut lui expliquer le climat et les particularités de l'agriculture française...Le surprennent aussi les prix, prohibitifs pour lui, pratiqués par les fleuristes français.
Répondant à ma question, c'est avec fierté qu'il m'a expliqué que les compositions florales, destinées souvent aux tombes des disparus, sont réalisées dans sa petite entreprise.
Nous avons aussi évoqué les particularités de la fête des morts dans nos deux pays.
Et de me demander quelle est ma couleur préférée. Je lui ai d'abord répondu le vert, pour le taquiner, puis le rouge, teinte de la fleur que je devinais qu'il voulait m'offrir, en sus du gros bouquet que j'avais acquis pour moins de deux euros. Le temps que toutes ces fleurs fanent, et je reviendrai à son étal. Le problème, c'est que ses fleurs sont si fraîches et naturelles qu'elles mettent au moins 15 jours à perdre de leur beauté.
A bientôt quand même, ami Oscar !