Talentueux journaliste de radio, ce qui n'écarte pas la facilité de la plume, mon ami Jacques-Yves Tapon vit avec sa famille depuis des années en Floride, dans un pays qu'il connaît maintenant très bien.
A l'occasion de la présidentielle américaine, je lui ai demandé un éclairage, d'autant plus volontiers que je connais ses idées disons progressistes et il a répondu de bon cœur à mon appel. Voici donc en quelques lignes fort denses son opinion sur ce qui est à appeler une défaite de la démocratie qui augure mal de ce qui pourrait se passer en France, la conclusion du journaliste français, que je partage hélas, étant plutôt limpide, d'où le choix de l'illustration, qui est de mon fait.
Dominique Arnaud
C'est la troisième élection présidentielle que je vis depuis notre arrivée aux Etats-Unis. La pire, tant la campagne a été aussi odieuse que nauséabonde, la pire, qui a amené Donald Trump à la Maison Blanche.
Maintenant, les jeux sont faits. Ce n'est pas vraiment une surprise: Le parti Démocrate avait choisi la pire candidate pour affronter le géant de l'immobilier, l'homme qui a symbolisé la réussite de l'entreprise, même si tout cela est à nuancer fortement. Hillary Clinton représentait tout ce que la middle class et les classes populaires haïssent le plus : l'establishment et le carriérisme en politique. Beaucoup de gens avaient besoin et envie de changement, Hillary Clinton était sans doute la dernière à incarner ces désirs. Lors de la primaire des Démocrates, un homme avait créé un véritable rassemblement, notamment auprès des jeunes. C'était Bernie Sanders, que le parti a choisi d'évincer, car il était décidément trop à gauche. Le résultat, c'est que tous les jeunes se sont détournés de l'élection. Avec Trump et Sanders, nous avions deux candidats anti-système. Le duel était possible. Avec Clinton, qui représente tout ce que la majorité des Américains déteste, les jeux étaient presque faits.
Aujourd'hui, les jeux sont faits.
Mais il faut essayer de comprendre ces millions de gens qui ont perdu leurs emplois à cause de la mondialisation, qui se sentent aujourd'hui déclassés, parce qu'on les paie avec des salaires de misère dans des emplois précaires, tandis que Wall Street se porte de mieux en mieux. Il faut se souvenir des nombreuses promesses non tenues du Président Obama, essentiellement parce que le Congrès républicain n'a cessé de lui mettre des bâtons dans les roues. Mais tout de même...
Les Etats-Unis avaient besoin d'un changement. Mais pas de celui-là. C'est un franc-tireur qui remporte la mise. Une fois de plus, les "Elites" n'ont rien compris.
Je ne pense pas aller jusqu'au bout de mon troisième mandat !
J'ose espérer, sans grande conviction, qu'un scénario semblable ne se déroulera pas en France... Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets...
Jacques-Yves Tapon
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