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Ce cheval de bât : une image bien contemporaine
C'est une image de bien avant la naissance de ce blog, elle date de 2009, mais qui reste d'actualité (bien que ce type de transport doive reculer face à la mécanisation) évoquant ce Mexique de la campagne, loin du modernisme des grandes villes, là où les téléphones mobiles ne répondent pas toujours.
En effet, je continue, lors de mes pérégrinations, de rencontrer ces cavaliers qui au retour des champs utilisent leur monture (souvent de tout petits chevaux très vifs) comme animal de bât pour transporter foin, maïs ou encore chargement de bois mort. Vu le temps passé, c'est certainement beaucoup de travail pour une rentabilité plutôt faible, mais c'est ainsi dans le « desierto » évoqué récemment et dans les espaces agricoles voisins, en pleine montagne, que des hommes ou femmes courageux parviennent à assurer leur subsistance.
LA FORCE HUMAINE AUSSI
Cependant, si dans ces villages, manifestement, les gens ne roulent pas sur l'or, ni carrosse, la vie y est peut-être meilleure qu'en ville, là où, au petit matin, quand je pars faire quelques kilomètres à vélo, excellent moyen de s'intégrer au milieu, je vois de nombreuses personnes trier dans les poubelles, avant le passage du camion des éboueurs, ce qui est récupérable. Et possède quelque valeur, notamment les bouteilles en plastique et les canettes, nombreuses car les Mexicains sont grands amateurs de sodas. Ces emballages arrachés aux détritus, ce n'est pas ragoûtant, mais tout travail possède sa dignité et celui-là est le plus souvent bien fait, sans répandre les autres déchets sans valeur. Plastiques et canettes sont ensuite revendus à une entreprise spécialisée. L'autre jour, j'ai demandé à une jeune femme qui accomplissait ce travail combien elle pourrait tirer de sa récolte, gros volume et faible poids, tenant dans de gros sacs que les « glaneurs » portent sur leur dos. Elle ne connaissait pas le tarif au kilo, mais m'a indiqué qu'elle pourrait toucher une vingtaine de pesos pour sa collecte du jour, une collecte finalement utile à l'environnement, c'est toujours ça de moins en décharge ou à trier. 20 pesos, ce n'est qu'un euro, mais le salaire minimum quotidien (heureusement beaucoup de salariés gagnent davantage) est actuellement de 70 pesos. Que peut-on acheter avec 20 pesos ? A défaut de mettre du beurre dans les épinards, ça permet d'acheter 1,5 kg de tortillas de maïs, ou encore deux sodas, ou encore de bas morceaux, des abats de poulet, pour garnir les fameuses galettes. Une réalité quotidienne : il n'est pas de petits profits, ici, qui ne contribuent à faire bouillir la marmite.
A VELO SANS MOTEUR
Autres évocations de ces petits métiers : je rencontre régulièrement un homme d'un certain âge qui monte la subida (la côte) en portant un énorme panier sur la tête, panier plus large qu'un sombrero traditionnel et contenant différents petits pains. Je le revois parfois à son retour, après les livraisons, panier vide toujours en guise de chapeau.
Il y a aussi ce marchand de tamales transportant sur un tricycle sans moteur les lourdes marmites fumantes contenant ce délice très mexicain. Impossible de monter la côte en pédalant bien sûr, et lui faut donc la gravir en poussant péniblement un engin plutôt adapté aux terrains plats, comme on en voit beaucoup à Mexico-city. Ces cas ne sont pas uniques, car la mécanisation n'est pas encore à la portée de tous, et beaucoup d'ambulants, que je croise, n'ont que la force humaine pour faire avancer leur petit métier de rue.
D.A.
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