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Nichée au pied du sommet le plus élevé de Bourgogne, le Haut-Folin, 901 mètres d'altitude, et à la lisière de la vaste forêt qui porte son nom, la commune de Saint-Prix est située au cœur du Morvan. A une lieue de Saint-Léger-sous-Beuvray, c'est presque un bout du Monde que la neige transforme parfois en station de sports d'hiver.
Ce village depuis le 19e siècle a perdu 80% de sa population, qui dépasse à peine 200 habitants, mais a conservé un centre d'animation : son atypique restaurant.
Atypique parce qu'en pleine campagne, « Chez Franck et Francine » est plus, par ses belles assiettes, proche d'un établissement gastronomique que d'une auberge rurale.
Le décor de cette vieille maison remontant au 19e siècle, s'il n'est pas particulièrement original, est animé dès que le besoin s'en fait sentir, par un feu de bois dont les lueurs mouvantes font scintiller les verres. L'accueil par la patronne est très hospitalier même si d'aucuns peuvent juger sa faconde un peu envahissante. Mais on ne vient pas là pour faire la conversation, même si le sujet du jour est celui de la pureté de l'air à propos de laquelle l'hôtesse promeut, de manière intarissable, des appareils - faisant des bulles parfumées - destinés à rendre plus respirable l'atmosphère des logements avec un bagout digne d'un vendeur de foire.
Non, on ne vient pas là pour causer, mais pour manger. Et il faut prendre son temps, bien ancré dans un fauteuil confortable, tandis que le patron opère en silence et avec efficacité en cuisine, car le déjeuner nécessitera de passer au moins trois heures, si ce ne sont quatre, à table. En fait, la rapidité du service n'est pas en cause. Ce qui l'est, c'est le nombre de plats servis, une sacrée kyrielle, car un menu complet comprendra des amuse-gueules, une mise en bouche, une entrée, un premier plat, un second, le fromage, une petite glace pour préparer le bec au dessert, le dessert composé lui même, enfin des mignardises maison avec un café ou un thé choisis à la carte ce qui n'est pas fréquent en pleine campagne.
Si bien que les plus gourmands seront déjà rassasiés par les poissons et viandes bien cuisinés, à l'assaisonnement qui pourrait être plus présent, juste un cran en dessous d'une vraie cuisine gastronomique créative, juste un cran au dessus d'une honnête cuisine bourgeoise et bien plus raffinés que les préparations rustiques attendues dans une modeste auberge rurale. Par contre, le choix de la vaisselle, la présentation, la décoration des assiettes, très soignées, les mots d'accompagnement de chaque service, sont dignes d'un grand chef !
Côté finances, si les menus peuvent paraître onéreux, le rapport qualité prix reste lui tout à fait acceptable d'autant plus que côté cave, les bons vins ne subissent pas un coefficient trop élevé. Je lèverai donc mon verre de santenay à l'amie Nicole qui avaient eu la bonne idée de nous convier dans ce lieu gourmand qu'en vraie morvandelle, elle connaît de longue date, et où elle ne manque jamais de célébrer les grandes occasions.
(N.B. : Personnellement je me suis régalé, tous les plats étant « faits maison » d'une découverte océane où les gambas voisinaient avec un petit filet de maquereau, puis d'un ballotin de poulet fermier mais la spécialité semble être ici le millefeuille Rossini au bœuf et au foie gras. Sans oublier les desserts aussi bons que beaux.)