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J'ai toujours aimé les gares. En respirer l'atmosphère, c'est déjà partir. J'ai toujours aimé regarder passer les trains qui emportent mon imagination dans leur sillage. A l'instar des bateaux filant vers l'horizon.
Les chemins de fer, c'est comme la mer. C'est pas l'homme qui prend le train, c'est le train qui prend l'homme. Et les autres points communs ne manquent pas ! Essayez donc de marcher dans un train sans vous tenir, et faute des barres équipant le métro, quand ça roule, ou quand ça tangue, vous risquez bien de vous casser la g. ou de vous retrouver sur les genoux d'un autre voyageur.
A défaut de tempêtes, les trains connaissent des naufrages ou du moins des naufragés quand les TGV oubliant les G et V de la grande vitesse ne conservent que le T des tortillards lors des rares, mais trop longues, pannes en rase campagne qui font alors les titres des journaux.
Parfois, pour rester dans la comparaison maritime, il y a mutinerie des équipages. Ici sur le ballast, on appelle ça « grève des cheminots » mais ça revient au même bien qu'à bord, les frondeurs subiraient les fers traditionnels, à fond de cale, alors qu'à la Senecefe on négocie, ou plutôt on négociait, le paiement des jours chômés.
Et pour terminer sur une atmosphère iodée, il y a aussi la cambuse, pardon la voiture-bar qui lors de mon dernier voyage n'était pas aussi nette que le carré d'un bateau. Un panneau arraché révélait la présence de l'isolant synthétique, mais ne menaçait pas la flottabilité, le sol était en attente du passage d'une serpillière et l'aimable steward, contrairement au train, n'était pas de grande vitesse : il n'aurait pas tenu le rythme des garçons d'une brasserie de province aux tarifs autrement plus doux...
Ne parlons pas des incidents récurrents qui ne sont pas toujours du fait de la SNCF. Récemment, le haut-parleur de ma gare favorite annonçait un retard d'importance indéterminée dû à la présence d'animaux également non identifiés sur la voie. S'agissait-il de vaches charolaises lasses de regarder passer les convois ? Mais à défaut de veaux marins sur les trajets des bateaux, il y a bien les vagues qui moutonnent...
