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Comment présenter un personnage atypique quant il dit formellement son hostilité à la médiatisation de sa paisible activité ? Et pourtant j'ai envie d'évoquer Cristian en quelques mots, Cristian inséparable de sa roulotte et de son cheval de trait qui depuis une bonne douzaine d'années parcourt inlassablement la France et l'Europe, faisant toujours halte dans une ville différente, et qui représente pour moi une certaine idée de l'aventure. J'ai envie de l'évoquer quand même car de son histoire, on peut tirer bien des enseignements et notamment celui de la sagesse.
Cuisinier et photographe, Cristian a vécu aux antipodes, dans les îles du Pacifique, sur un bateau, avant de choisir non sans philosophie de progresser dans et hors de son époque, au pas d'un compagnon à quatre sabots. Nomade toujours accompagné de sa maison, il aime progresser, étape après étape, au pas de son équidé, dont la race ardennaise, par sa lenteur, convient mieux au marcheur que la vivacité du cheval boulonnais.
Sur la route et lors des haltes, le plaisir de Cristian est d'entrer en relation avec les gens du cru. Mais si les échanges et l'accueil sont souvent sympathiques, le roulottier n'est pas bien accepté partout, et il est souvent arrivé que les édiles et leur police cherchent à le chasser, ce à quoi il s'oppose vivement en s'appuyant sur une loi qui lui donne raison.
Et pourtant, à chaque étape, l'homme a beaucoup à nous apprendre. Créateur d'émotions, il fait revivre une époque révolue, et fait ressentir une utile nostalgie, celle d'un temps où tout n'était pas devenu virtuel. Une bonne leçon que Cristian donne aussi à ses lecteurs car le quinquagénaire a pour viatique la commercialisation des livres (romans et pensées) qu'il écrit dans sa roulotte. Je lui ai acheté son recueil d'anecdotes, traces d'une existence itinérante, sous le tire « Rires et Turbulences autour d'une roulotte » ouvrage qui permet de mieux connaître son quotidien et les réactions des gens qu'il rencontre.
GENS DU VOYAGE
S'il se fâche quand il entend des réflexions racistes, s'il ne cache pas son amitié pour les gens du voyage, dont il partage les problèmes, bien qu'il ne fasse pas partie de leur communauté, s'il fait passer bien des messages, il sait aussi faire preuve d'humour, rire des réactions des gens aux spectaculaires érections de l'étalon, de la naïveté de cette petite bonne femme qui prétendait que le cheval lui avait parlé, de la curieuse proposition d'un Ariégeois qui voulait transformer la roulotte en bordel ambulant. Je ne déflorerai pas davantage ce livre, sinon en en extrayant cette pensée que « le cheval apporte à l'humanité un complément d'âme » et il faut reconnaître que l'humanité en a bien besoin comme lui sont utiles les rares personnes libres qui comme Cristian ont rompu les amarres. Elles doivent être acceptées et respectées plutôt que d'être rejetées et boutées hors de notre civilisation mécanique, comme le voudraient d'aucuns.
NÉANMOINS SUR INTERNET
Je n'ai pas pu photographier Cristian, ayant oublié mon appareil le jour de notre rencontre, et lors de ma ronde matinale à vélo, le lendemain matin, je n'ai pas retrouvé le roulottier dans Autun, déjà parti pour d'autres horizons.
Par contre j'ai découvert sur Internet une vidéo qui permet d'en savoir davantage sur lui. J'en ai extrait une copie d'écran, et j'en conseille le visionnage, car le curieux personnage mérite qu'on lui prête quelque attention, en espérant qu'il me pardonnera de l'avoir médiatisé, mais après tout, il était déjà sur l'Internet.
Je retiendrai aussi cette citation : « l'hospitalité, c'est du bonheur garanti pour au moins deux personnes, celui qui la donne et celui qui la reçoit ». Heureusement que notre homme, malgré les moments d'hostilité qu'il subit et qu'il fustige, n'en est manifestement pas privé, son cheval étant regardé le plus souvent avec une affection curieuse, même si d'aucuns lui reprochent ses crottins pourtant si précieux aux jardiniers avisés.
