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Illustration : Les géniales Fleurs du mal firent l'objet d'un procès et furent condamnées
Après les actes terroristes qui ont provoqué une immense réaction en France, après les marches et rassemblements républicains qui ont regroupé près de quatre millions de personnes de toutes tendances et de toutes confessions, bravo (!) on pourrait dire que des fleurs ont surgi du mal, les Fleurs du Mal en quelque sorte ! Hein Charles? Prénom qui fait penser à Charlie... Charles Baudelaire qui ne l'oublions pas fut condamné en justice pour ses écrits reconnus aujourd'hui!
Cependant, après le temps de la peine, de la colère, de la communion, et d'une certaine forme d'enthousiasme populaire, il y a celui de la réflexion.
Outre leur horreur du terrorisme, les Français ont défilé pour clamer des idées qui ne sont pas toujours aussi bien partagées : la reconnaissance envers la police d'une part, qui n'est pas de ma compétence, la reconnaissance du rôle de la presse et de la liberté d'expression, même quand on n'est pas d'accord avec le contenu du titre concerné, par exemple Charlie Hebdo, d'autre part.
UN DEVOIR ACCRU
En ce qui concerne la liberté d'expression, les médias, les journaux, les journalistes, ainsi salués par le peuple (il suffisait d'entendre les gens s'exprimer au micro) ont désormais le DEVOIR ACCRU de mieux faire leur métier, car si la liberté de la presse et de l'expression libre sont à défendre, il faut aussi convenir que tous les journaux et médias sont bien perfectibles.
D'une part ils devraient se montrer plus éthiques et moins assujettis à l'influence des pouvoirs économiques, politiques et de l'audimat, de la recherche d'audience et de clients.
D'autre part ils devraient, au lieu de flatter le lecteur, l'auditeur, le téléspectateur, l'internaute, pour l'attirer, ils devraient se montrer davantage pédagogues et contribuer à la bonne explication des grands sujets d'interrogation de notre époque. Car dans ce domaine, il y a certainement eu déficit. Et on en voit les conséquences. La télé par exemple n'a-t-elle pas autre chose à montrer que des micro-trottoirs sur la météo ? Les journaux n'ont-ils pas mieux à faire que la mise en scène voyeuriste, oui voyeuriste, de faits-divers, pour faire pleurer dans les chaumières ? Le croustillant, le racolage, ce n'est pas l'info.
GARE A LA CENSURE
Ma seconde réflexion concernera les mesures déjà envisagées, après les attentats, par les pouvoirs publics.
Je lis textuellement dans la presse les mots suivants : renforcer le contrôle du Web, encadrer les réseaux sociaux, améliorer les systèmes d'écoute, retirer certains contenus (incitant à la haine et à la terreur).
Certes, il est du devoir de nos gouvernants de prémunir la France contre les périls du net, qui peuvent engendrer des catastrophes non virtuelles et même bien réelles, mais attention aux EXCES DE ZELE et aux dérives auxquelles les politiques ont tendance à succomber. La censure ne manque jamais de bons prétextes, alors que les Français viennent de clamer leur attachement à l'expression libre favorisée justement par les nouvelles technologies de l'information et de la communication!
Paradoxe ?
Dominique ARNAUD (en sa qualité de journaliste honoraire)