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J'encombre rarement ce petit journal avec mes lectures, mais là je ne résiste pas à ce plaisir après avoir découvert chez Sim, créateur drolatique aux mille facettes, quasiment tout d'un véritable écrivain.
Disparu il y a un lustre, Sim composa, il y a une trentaine d'années, un bouquin délicieux, baptisé (forcément) « Pour l'humour de Dieu » et qui revisite avec infiniment (re-forcément) de créativité (re-re-forcément), et l'histoire des religions, notamment la chrétienne, et la Genèse, avec une fantaisie de tous les instants le conduisant à s'asseoir à la droite du Père, ou à la gauche de Belzébuth sans attraper la « grosse tête » (pas forcément).
Pierre, reporter photographe à l'AFP se retrouve soudain, après avoir cassé sa pipe, au Purgatoire ; il ne peut plus profiter du scoop que représente sa rencontre avec Louis XVI, Henri IV et Ravaillac mais se voit proposer par Saint-Pierre une première mission sur Terre : y commettre le maximum de crimes pour mieux, ensuite, infiltrer l'Enfer et y espionner Satan.
Mission réussie ce qui lui vaut un second travail d'Hercule : devenu saint Pierrot, et Dieu voulant encore « pro-créer », il succède à l'ange Gabriel en acceptant d'être chargé de l'annonce faite à la nouvelle Marie et de l'incarnation de « la » nouvelle Messie qui sera baptisée Christine.
Le plus drôle est de voir évoluer un ancien journaliste dans les coulisses du Ciel et donc dans les arcanes du pouvoir divin. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas déflorer un récit aux continuels rebondissements qui réjouit le lecteur tant par le comique des situations que par l'abondance des traits d'esprit. Irrévérencieux plus que blasphématoire, « Pour l'humour de Dieu » est finalement plein de tendresse et de clairvoyance pour les « frères humains », comme aurait dit Villon, d'un Sim qui aura gagné là son paradis bien que son enfer soit pavé de ses bonnes intentions.
L'éloquence de Sim est telle qu'elle touche parfois à la poésie. Et la saveur de l'ouvrage sera d'autant plus appréciée par qui n'aura pas trop oublié les rudiments du catéchisme*, dont les références sont indispensables pour saisir toute la finesse d'un texte que j'ai déniché à la foire aux livres d'Amnesty international (il me sera donc beaucoup pardonné), mais dont on trouve encore facilement la trace sur Internet. Alors bonne lecture !
Une dernière réflexion : après avoir commis un tel roman, l'auteur a forcément convaincu saint Pierre, le portier-pêcheur, de lui ouvrir la porte du Paradis. Bon Dieu, mais c'est bien sûr, qu'est-ce qu'on a du se marrer dans le saint des saints, en entendant cette citation mémorable du Seigneur connaissant un moment de dépression : « Je ne crois plus en Moi... »
En conclusion : Sim a évoqué le Père et le Fils en oubliant le Saint-Esprit. Faute absoute car l'esprit tout court ne lui manquait pas !
* NB : Devenu un piètre dévot, j'étais un fort bon élève aux cours d'instruction religieuse, c'est pourquoi Sim m'agrée !