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Devinez quel est l'article le plus lu sur ce blog depuis quelques mois ? Eh bien c'est celui traitant de la tenue vestimentaire du cycliste, suivi de l'évocation des Fleurs du Mal en idiome mexicain. Ce petit journal est vraiment généraliste ! Je vous reparlerai plus tard de littérature en terre aztèque, et en attendant, voici un nouveau numéro de ma rubrique cycliste. Je le consacre aux grimpettes, qui peuvent être une épreuve ou une passion.
Les côtes ? J'en parle souvent dans les pages de ce petit journal car figurez-vous qu'à force de rouler à vélo, j'y ai pris goût et c'est pourquoi je complète ici un précédent article. En préambule, mot étymologiquement bien adapté à la rando, il faut vous dire que j'ai donné mes premiers coups de manivelles à Rennes, mais ce n'était que l'apprentissage de l'équilibre avec une « grande » fille qui fut la première à me mettre la main... à la selle. Un peu plus tard, à Lille, j'ai découvert le plat pays avec un vélo qui n'était pas doté d'un dérailleur, accessoire dont je n'avais pas besoin, vu que ma première côte initiatrice fut celle de la rue du Ballon, juste assez en pente pour qu'une boule de cuir puisse y rouler, sans coup de pied initial, du haut jusqu'en bas.
J'étais encore adolescent quand, un peu plus tard, le mont Cassel (butte témoin de 176 mètres d'altitude ) fit pour moi figure de monstre comparable au Puy de Dôme et il me fallut attendre une large majorité pour goûter, en Boulonnais, aux joies de rampes et « vigneaux » à plus de 10%.
Cependant, mon propos n'est pas de raconter mon histoire, mais de dire comment un adepte du plat, habitué au vent flamand, qui adorait rouler vers Tournai ou Ypres en Belgique, devint un amoureux des grimpettes, que ce soit au Nord, au Sud, au Centre où encore plein ouest, dans les volcans mexicains.
Eh bien ! c'est tout simplement affaire d'entraînement, et l'appétit des côtes vient en en mangeant. En fait, franchir une côte, ce à quoi d'aucuns, j'en connais, sont allergiques, franchir une côte n'est pas seulement affaire de muscles, mais aussi question de moral. Dans sa tête, il faut d'abord se préparer à la vaincre mentalement, se dire qu'elle sera longue, que l'effort sera soutenu, mais pas interminable, que le sommet se gagne coup de pédale après coup de pédale, à l'instar du fameux pas du montagnard. Par exemple, quand vous vous lancez dans un monstre, comme le Ventoux, attendez vous à pédaler sans arrêt pendant deux ou trois heures. Ensuite, comme le marcheur choisit ses chaussures, le cycliste s'équipera du braquet ad hoc. A chacun son développement et son rythme. Disons donc que pour un cycliste moyen, c'est mon cas, un 42/18 est bien en faux plat, un 42/24 convient en côte moyenne, et qu'à partir de 8% il est envisageable de passer le 30/24. Au delà de 10 ou 11% le 30/28 risque de ne pas être de trop, mais on trouve dans le commerce des rapports permettant de mouliner encore bien davantage.
L'énoncé de ces braquets sans grande ambition va faire rigoler les coureurs alors qu'ils paraîtront vite insuffisants aux moins aguerris.
De toutes manières, quand on aborde une côte de profil inconnu, mieux vaut utiliser d'abord un petit développement. Si les jambes tournent trop vite, il sera toujours temps et facile de passer à un braquet plus grand, car l'engrenage ne se bloquera pas (alors, c'est mécanique, qu'il serait impossible de passer à un développement plus petit alors qu'on commence à être planté, debout sur les pédales).
Cela, c'est pour les côtes inconnues. Quand on commence à bien connaître les difficultés de son environnement habituel, et qu'on a à peu près tout gravi en moulinant, on peut songer, en vue « d'exploits » ultérieurs, à se renforcer la musculature, tout simplement en s'astreignant à des braquets plus gros.
Un exemple : il y a deux ans, à Autun, je grimpais à la Croix de la Libération (lacets de 7 à 9 % sur 2,5 km plus une petite rampe) en 30/24 ou 30/28. Maintenant je passe cette difficulté, certes en tournant moins vite les jambes, avec le 42/28, ce qui ne donne pas une bonne ligne de chaîne, il faudra que j'essaie le 30/21...qui est à peine plus gros.
Je comparerai cette démarche à celle de la musculation en salle. On commence par des séries longues avec de petits poids - on en a toujours besoin - , et on poursuit avec des séries courtes avec de gros poids, ce pour augmenter la force pure.
Encore un dernier conseil : Comme il convient de prendre autant que possible le moins de risques cardiaques, le vélo favorisant du reste la prévention, je conseillerai, outre une consultation médicale avant toute reprise d'activité physique, de réaliser un test rapide tel de celui de Ruffier-Dickson qu'on trouve sur le net, et de vérifier, avec un cardiofréquencemètre, que l'on ne sollicite pas trop fort la machine. Il en est du cœur comme du moteur d'une voiture : il ne faut pas mettre sans préparation l'aiguille du compte-tour dans le rouge. Je n'en dirai pas davantage car sur Internet on trouve des centaines d'articles sur ce sujet, mais je vous demanderai de raconter, dans les commentaires, votre dernier exploit dans la conquête du maillot à pois ! Pour moi, c'est déjà fait, depuis quelques jours...
Dans le Ventoux, il est agréable, à la descente, de photographier les congénères qui montent encore sous un soleil de plus en plus chaud