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C'est tout au fond des bois que vit, dans le silence et l'humilité de la clôture, une communauté de femmes faisant rarement parler d'elles. Nous sommes à quelques kilomètres de l'ancienne cité minière d'Épinac en Saône-et-Loire, à l'occasion des journées du Patrimoine qui permettent, sacrée aubaine, d'aller à la rencontre de lieux généralement fermés au public.
Au paisible Prieuré du Val Saint-Benoît, il n'y a jamais une telle foule. Le parking, sous les hauts arbres, est saturé. La guide-conférencière , avec talent, s'adresse à une cinquantaine de personnes et leur présente les lieux tandis qu'au portail, souriantes, les sœurs offrent biscuits et sirop de sureau aux nouveaux arrivants.
Le Val Saint-Benoît est vraiment un ermitage, voué au travail et à la prière, qu'occupent depuis une trentaine d'années les moniales de Bethléem, de l'Assomption de la Vierge et de saint Bruno.
Cependant, ce petit monastère possède une bien plus longue histoire, remontant au 13e siècle et à Gauthier de Sully qui prisonnier des pirates musulmans, croit-on savoir à Rhodes, fit le vœux de construire dans son fief une église dédiée à la Vierge s'il était libéré. Prière exaucée ? Toujours est-il qu'il recouvra la liberté et c'est ainsi qu'après bien des péripéties fut édifiée l'église de style roman dont subsistent les bases.
Le prieuré changea plusieurs fois de propriétaires, mais revint dans le domaine de Sully au 19e siècle ; il y a trois décennies, il fut offert par la famille Mac Mahon, à la communauté de Bethléem, représentée au départ par quatre religieuses, arrivées en 2 CV en 1982, lesquelles immédiatement retroussèrent les manches, avec un allant remarquable. En effet les lieux se trouvaient dans un état de grand délabrement après avoir été occupés par un usage agricole.
A l'époque, les arbres poussaient au milieu des piliers du sanctuaire ! La communauté, riche aujourd'hui de 22 personnes de différentes nationalités, a fait un travail considérable puisque l'église romane et la chapelle des Loges qui la jouxte, de style gothique flamboyant, ont retrouvé leur beauté.
Au centre l'église romane et à droite la chapelle des Loges, décorée dans un style gothique flamboyant, jusqu'au portail qui la relie à l'église principale
Les religieuses vivent aujourd'hui de leur artisanat d'art, accessible dans une petite boutique, et si en semaine elles travaillent et prient en silence, le dimanche elles déjeunent ensemble, joyeusement, puis partent par petits groupes se promener dans la forêt.
A ce lieu saint s'attache une légende, celle de Marguerite de Bourgogne qui aurait pu y être inhumée
Cette croyance a pour origine une sculpture de la magicienne grecque Circé, dont un artiste local installa la statue près d'un étang voisin, image à laquelle on prêta quelque ressemblance avec la célèbre princesse, petite-fille de Saint-Louis, décédée au Château Gaillard.
A noter pour conclure que les fidèles de la région d'Epinac peuvent assister à la messe au Val Saint-Benoît. Ils peuvent s'installer à la tribune surplombant la nef protégée par la clôture, et aussi visiter le magasin qui contient de très belles pièces d'artisanat, sculptures, icônes, poteries admirablement ouvragées. Un lieu aimable et accueillant donc, en pleine nature, dans cette forêt des Battées qui servant d'écrin au Prieuré est particulièrement propice à la randonnée