/image%2F0814297%2F20140626%2Fob_33216a_saint-germain-calberte-3-r.jpg)
Du village attachant de Saint-Germain de Calberte, aux maisons typiques rassemblées autour de
sa belle église ancienne, aux nombreux commerces accueillants dont une charcuterie réputée et une épicerie proposant un rayon librairie considérable, voué à la littérature locale, je retiendrai deux lieux particuliers.
- D'abord le temple protestant, aussi dépouillé qu'hospitalier ; il raconte l'histoire de la Réforme en ce rude pays cévenol. Ici, après la révocation de l'Edit de Nantes, les assemblées cultuelles, prohibées, durent se tenir clandestinement dans la montagne ; la suppression de leurs cimetières amena les protestants à inhumer leurs défunts dans leurs propriétés privées, tradition qui perdure. Au début du 18e siècle, indique un panneau, la paroisse comptait 275 familles, dont 9 seulement étaient papistes
- Ensuite, à l'arrière de l'église catholique, près d'une bien jolie maison à la terrasse ombragée de pampres foisonnant se dresse l'étonnante statue d'un solide travailleur, manipulant de lourdes pierres, qui ne se contente pas d'être totalement nu, mais offre aux regards des attributs virils très réalistes. Musculeux à l'extrême, cette allégorie ouvrière veut représenter un hommage aux hommes, femmes, enfants vivant en harmonie avec la nature, et il sait nous convaincre qu'au milieu des roches, des arbres et des fleurs, le corps humain se passe fort bien de ses habituels et inutiles oripeaux. L'artiste féminine qui a réalisé cette sculpture nous invite donc à une nouvelle forme de liberté n'ayant rien d'indécent en définitive pour qui se plaît à rejeter, sans impudeur, l'hypocrisie vestimentaire. Il s'agit de Shirine Afrouz, d'origine iranienne, qui a vécu près de trois lustres à Saint-Germain-de-Calberte et dont le travail de la pierre par ses habitants, ainsi que leur symbiose avec la nature, la fascinèrent puis l'inspirèrent.
- En illustration de l'activité traditionnelle ainsi coulée dans le bronze, nous avons pu bavarder, au bistrot du village, avec l'un des derniers tailleurs de pierres du pays, personnage bien typé que Shirine a peut-être rencontré. Œuvrant allègrement au marteau et au burin, cet homme jovial parle volontiers des techniques qu'il connaît bien pour découper le rocher en moellons utilisables (ou en lauzes pour les toits, propres à la Lozère), en utilisant la dilatation de l'eau par le gel ou la force inimaginable du bois séché au four, introduit au cœur du minéral, puis réhydraté : le gonflement obtenu suffit alors pour faire éclater le matériau à morceler.
Un bonhomme animé par l'âme d'un pays dont les vibrations profondes ne cessent pas de jouer une étrange musique, tel un écho bondissant d'un versant à l'autre de la vallée. Au loin, sur les crêtes lointaines, l'orage grondait sourdement, mais il n'est pas venu perturber la douceur vespérale à Saint-Germain de Calberte !