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Je bavardais ce matin, dans la salle de l'ami Fabio (La Palestre à Autun) avec un aimable culturiste, doté d'une imposante musculature et de tatouages que je ne posséderai jamais. Et nous bavardions, entre deux séries d'haltères, à bâtons rompus. Je lui parlais de la notion de plaisir dans la pratique d'un exercice physique et il me répondait que lui en avait tant fait, année après année, que désormais c'était « plutôt une addiction qu'un plaisir ». Saturation qui peut se concevoir, la persévérance de ce sportif ne méritant cependant que des éloges.
Cependant, je trouve cette lassitude un peu triste. Elle peut survenir dans tous les sports et notamment dans la pratique du vélo puisque certains adeptes accumulent tous les ans un nombre considérable de kilomètres, dépassant parfois les vingt mille, ce qui exige une étonnante assiduité. Et provoque peut-être des moments de ras-le-bol. J'ai trouvé sur Internet le cas d'un type qui en 32 ans a parcouru 1,5 millions de kilomètres soit 128 km par jour cela 365 jours par an. Et pourtant, visage marqué et émacié, il n'avait pas l'air d'en avoir marre. Cependant, peut-être se fait-il aujourd'hui un devoir de continuer...sans en avoir vraiment envie.
Je ne sais pas s'il éprouve encore beaucoup de plaisir...
CONSERVER LE FEU SACRE
Alors que faire pour conserver le feu sacré ? D'abord, ne pas hésiter, de temps en temps, à tâter autre chose que du vélo : natation, marche, gymnastique, jeux de raquettes, sport collectif...
Et puis je crois qu'il faut savoir varier les plaisirs, ce qui est mon cas.
D'abord mon kilométrage annuel reste raisonnable : un peu plus de 5500 km ces douze derniers mois ce qui laisse du temps pour faire autre chose.
Et puis je pense qu'il est bon de pratiquer l'alternance en selle. J'ai la chance de passer chaque année, du Mexique à la France et de la France au Mexique. D'un pays à l'autre, tout change, qu'il s'agisse du relief, de l'état des routes, du trafic et bien sûr des paysages, des gens rencontrés.
En France, non seulement je me balade du Nord au Sud, de la Méditerranée à la Belgique, mais en plus chaque sortie est différente. A Autun, en Bourgogne, j'ai le choix entre les routes de vallées, à peu près plates, où je peux flâner en faisant des photos, ou encore tirer sur le guidon lors de contre la montre sur 10 ou sur 40 km. Satisfaction de tenter de battre un modeste record personnel avec pour seul rival moi-même. Dans les collines de Bourgogne, il y a de jolies montées, ce qui me permet de relancer l'intérêt en tirant un petit braquet. Après la plaine, je vais donc grimper sur les hauteurs de la cité deux fois millénaires, ou encore sur le toit du Morvan, le Haut-Folin qui ne présente pas de difficultés majeures, mais offre, de 900 à 300 mètres d'altitude, une descente jouissive. Et puis, de temps à autres, il est bon de se payer une grosse dénivelée, par exemple celle du Mont Aigoual l'an passé, et cette année le village de Tres Marias au Mexique, à plus de 2800 mètres d'altitude.
VARIER LES EPREUVES
Rouler en bonne compagnie m'est fort agréable mais le plus souvent solitaire, je ne recherche pas les grands rassemblements sportifs. Il en existe un nombre considérable en France, et beaucoup sont à la portée de tous, donnant une raison d'être aux entraînements en solo. Il y a d'abord nombre de brevets de cyclotouristes, dont certains sont prestigieux, comme le Brevet de Randonneur des Alpes lors duquel, en plus de 200 km, on accumule 5000 mètres de dénivelée. Il ne s'agit pas de courses et il n'y a pas de classement établi.
Il y a aussi de nombreuses courses ouvertes aux licenciés comme aux non-licenciés, et aussi une formule dont la vogue grandit, celle du triathlon qui conjugue la natation, la course pédestre et la bicyclette, un sport complet donc, qui va des petites distances à l'effrayant "Ironman", l'homme de fer...
CHANGER DE BECANE
Un autre moyen de changer de menu : passer de temps en temps du vélo de route au vélo tout terrain, dit mountain-bike. Ce type de vélo étant le plus prisé des Français qui l'utilisent souvent sur macadam car il passe partout, bien que son rendement sur route soit médiocre. On peut soit explorer les montagnes et les chemins ruraux, soit se consacrer à la descente, parfois vertigineuse et acrobatique.
YEUX DE CHIMENE POUR SON VELO ?
Cet article n'est certainement pas exhaustif, le lecteur me pardonnera mes omissions, et je conclurai en évoquant le souvenir d'un vieux copain, amoureux des belles choses, qui s'était fait construire un vélo sur mesure seulement pour la beauté de l'objet rutilant. Il n'est jamais monté dessus, s'est contenté de le promener en main, d'en soupeser les sept kilos, d'en tâter les freins doux et précis, d'éprouver la finesse des boyaux, de tâter la selle en cuir rodée main, d'entendre le gazouillis de la roue libre. Amoureux de l'objet, il était en cela un cycliste, car les vrais cyclistes regardent toujours leur bécane avec les yeux de Chimène, et quand ils voient passer un congénère, ce n'est pas le pédaleur qu'il regardent en premier, mais... sa machine