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Photo : France 2 s'est penché sur les cartes IGN
Ce mardi. De grosses gouttes de pluie froide tapent au carreau. Elles voudraient bien rentrer, se mettre à l'abri. Elles me coupent aussi l'appétit de sortir ce matin, même si en général, le besoin de bouger est plus fort chez moi que la crainte d'une mauvaise météo.
Fort heureusement, dans ce cas-là, je dispose d'un dérivatif : Je plonge dans mes cartes qu'on pourrait dire d'état-major, la première fois que j'en ai exploré une remonte au scoutisme, quand il s'agissait de définir un azimut, boussole en main, notion que les modernes GPS, système de localisation mondial, a tendance à faire disparaître dans le grand public qui au lieu de réfléchir à son itinéraire grâce à la topographie, préfère se laisser conduire, se laisser prendre par la main, aveuglément. Je n'en dénie pas la commodité, mais je me sens plus proche des réseaux imprimés !
UNE CARTE BIEN PRECISE
Toutes les cartes m'intéressent, mais ce sont les plus précises, celles au 1 : 25 000, soit un centimètre représentant 250 mètres qui me parlent le mieux. Couvrant le réseau national, l'équivalent me manque quand je suis au Mexique. A vélo je préfère l'échelle 1 : 100 000.
Car il y en a des choses, en un centimètre carré de carte, soit un peu plus de 6 hectares : j'ai l'impression d'y voir le paysage. La couleur verte indique la forêt, la bleue la présence de l'eau, le blanc les pâtures et les blés. Les ombres soulignent des zones de relief accentué.
Voici la couleur ciel qui rappelle le reflet de ce dernier dans la rivière, le triangle qui figure un point culminant, ou un camping, le tracé du château avec ses jardins à la française, les fines courbes de niveau qui rendent lisibles l'importance des pentes. Plus haut apparaissent les falaises.
JE VOIS LE PAYSAGE EN CONTEMPLANT LA CARTE
Ici je « vois » une fontaine, là une source, un pont, un canal, un verger, une mine. Les symboles me précisent que je traverse un bois, des broussailles, une vigne, voire une rivière... Talus, rochers, bâtiments, arbres remarquables sont figurés. Ça y est ! Je ne suis plus dans mon bureau mais je me balade dans la nature, j'emprunte un chemin dont la carte me dit le degré de praticabilité, je traverse une route à grande circulation, j'en évite le trafic, je gravis une sente en lacets, je passe dans un tunnel, je me heurte à un mur d'enceinte, je me baigne dans un étang ombragé à l'abri des grands bois...Les grenouilles croassent, non les corneilles du cirque romain. J'écoute tomber la cascade...
Et puis je lis tous ces noms évocateurs, tous ces lieux-dits qui parlent à l'imagination. Après le faubourg Saint-Blaise, j'arrive à la Maison des Chèvres, je grimpe sur la montagne Saint-Sébastien, je traverse la pâture de la Grille, je patauge à la Mouille Toison et je chasse (à l'image seulement) aux Grandes Garennes (ah non ! là c'est privé...)
Et plein de noms m'assaillent encore : la Gravetière, le Chêne Verdier, le Préau (pour m'abriter), la Mouille aux Biches, le mont d'Arnaud (tiens serait-ce chez moi?). Enfin, arrivé aux Quatre Chemins, j'hésite entre Charmeau et les Rameaux. De toutes manières ça rime.
IGEENNE CA RIME AVEC HYGIÈNE (DE VIE)
La balade sur la carte me ravit comme une ballade ; dans le sud d'Autun, elle a été aussi enchanteresse qu'imaginaire. Elle ne va pas le rester. Après avoir buté sur la Barraque avec deux « r » je me décide à sortir, il ne pleut plus, je pourrai consulter ma carte IGN sans risquer de la détremper... Tiens un slogan : igéenne, ça rime avec hygiène (de vie)
QUATRIÈME GENERATION
Tout cela dans l'attente de la quatrième et nouvelle génération des cartes de l'IGN, Institut national de l'information géographique et forestière, qui avec l'aide des techniques modernes collecte des millions d'informations pour les restituer le plus lisiblement possible. France 2 y consacre actuellement son feuilleton, indiquant que 200 « dalles » de 400 km2 sont en chantier, et que le premier exemplaire devrait sortir dans trois mois.
Si les représentations de notre monde, sur ordinateur, grâce à Google earth et à Google maps sont maintenant incontournables, et possèdent des outils de grande puissance, notamment outils de mesure, elles ne remplacent pas tout à fait et en toutes circonstances les bonnes vieilles cartes à glisser dans le sac à dos ou sous le plastique transparent de la sacoche de guidon.
Tout comme les journaux fleurant l'encre fraîche restent ô combien plus palpables que les informations télématiques
Pour conclure, un mot de Charlie Chaplin : L'histoire n'est que violence et perversité, la géographie n'est que cartes, quant à la poésie, ce n'est rien de plus qu'une gymnastique pour la mémoire...