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Il est, quelque part, là où la Champagne rejoint la Picardie, un paradis des sangliers que je ne vous situerai pas davantage pour en conserver le caractère édénique : dans un grand bois d'une centaine d'hectares, aujourd'hui clos, ces sympathiques (eh oui!) animaux sauvages parcourent en liberté les sentiers et les taillis peuplés d' essences variées et aux fort belles perspectives paysagères. Ces grands animaux, semble-t-il de plus en plus nombreux en France, contribuent à leur manière à la biodiversité en aérant le sol, en diffusant spores et graines, bien qu'ils commettent aussi des dégâts.
En ces riches terres agricoles, quand la sylve l'emporte sur les labours, la nature se fait particulièrement généreuse et pour y contribuer, il a suffi d'un geste, celui d'un propriétaire qui dans son vaste domaine, avait soigné une laie blessée.
Elle y mit bas ses petits, qui prospérèrent ; d'autres porcs sauvages vinrent compléter la colonie qui se développant attira quelques Nemrod. D'où un beau jour la décision du maître des lieux de clore le domaine, non pour pratiquer l'élevage des imposants suidés, mais pour le bonheur de les voir se multiplier en liberté.
Aujourd'hui la densité des sangliers y est telle qu'il faut bien y faire des prélèvements cynégétiques pour limiter la population et préserver un milieu naturel à la belle variété animale et végétale que nous avons pu visiter guidés par mon beau-frère Pascal (contributeur à la gestion du domaine), lors d'un mini-safari en véhicule tout terrain, à l'heure vespérale où le propriétaire vient épandre du maïs sur les chemins pour compléter le menu de ses protégés.
C'est ainsi qu'un fantastique spectacle nous fut offert, quand commencèrent à sortir du bois, pour envahir les sentiers, de nombreuses laies accompagnées de leurs marcassins « en livrée », et beaucoup de bêtes rousses, de jeunes des deux sexes, alors que les vieux mâles dit aussi solitaires se faisaient plus discrets. Tout ce petit monde gourmand n'était effrayé ni par le 4x4, ni même par l'auteur de ces lignes descendant de voiture pour les photographier presque à bout portant. Les sangliers se contentaient de conserver une distance de sécurité minimale, trop occupés à s'empiffrer des grains généreusement semés, complétant leur régime varié de glands, de racines, de petits animaux trouvés en fouissant de leur puissant groin . Était particulièrement remarquable une jolie laie rouquine, aux soies très claires, tranchant sur les masses brunes de ses congénères, et une autre bien remise d'une blessure, trottant sur trois pattes ce qui ne l'empêchait pas d'être également suitée, la race étant plutôt prolifique.
Je ne vous décrirai pas davantage cette magnifique balade vernale rendue passionnante par les commentaires de Pascal, les images, valant chacune mille mots, y pourvoiront, sinon pour signaler aussi l'élégance des faisans profitant de la manne ainsi épandue, pour noter de nombreuses traversées de chevreuils dont les évolutions paraissent aériennes si on les compare à la course des sangliers. Près de l'étang, oies et canards se montraient particulièrement actifs à proximité d'une île où parfois une laie vient faire ses petits en toute quiétude, y installant son « chaudron » (nid aménagé dans la végétation). Et c'est à regret que nous avons quitté enfin ce lieu hors du temps, gardant en mémoire le charme émouvant des marcassins dont les éphémères rayures contribuent en sous-bois à un mimétisme protecteur.
N.B. : Au plan photographique, il n'était pas facile d'obtenir des clichés nets avec un appareil compact, le jour étant peu lumineux, l'heure avancée, et les frondaisons plutôt denses...