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Quand on séjourne quelques mois à Cuernavaca, c'est un vrai dépaysement de s'y balader dans une forêt présentant quelques ressemblances avec nos forêts européennes : de très hauts arbres, feuillus et conifères, des feuilles mortes, des tapis d'aiguilles et de pommes de pin, et ça sent bon ! Par contre nul palmier ou cactus... Mais quelques eucalyptus...
Ce vrai dépaysement, il faut le gagner, car ici, la forêt, c'est moins facile d'accès qu'en France où abondent les sentiers balisés, les aires de pique-nique dotées de tables-bancs et les dépliants des offices de tourisme.
J'ai donc pris le VTT pour aller au nord de l'agglomération de Cuernacaca et traverser les anciens villages indigènes qui en font partie. En idiome nahuatl, Ocotepec et Ahuatepec évoquent respectivement les pins et les chênes. Tout un programme. Les deux localités se trouvent à environ 1800 mètres d'altitude, environ 300 mètres au dessus de la ville-centre. J'ai trouvé un moyen commode - car à première vue ce n'est pas évident - pour aller directement dans la forêt : d'Ocotepec prendre l'avenue Alta Tension reconnaissable à ses pylônes qui vont très haut dans la forêt, puis prendre à droite la rue Lazaro Cardenas qui va directement sur le bon sentier que constitue l'ancienne voie de chemin de fer, dite « ferrocarril ». Je suis redescendu ensuite par la rue des Tres Cruces près d'Ahuatepec
Bon, d'accord, l'environnement, mi-urbain, mi campagnard, n'est pas très engageant au début, et il y a beaucoup de chiens en liberté, mais aucun ne m'a manifesté d'agressivité, malgré mes craintes initiales. Au plan humain, c'est pareil. Lors des premières balades, j'ai pu éprouver un peu d'appréhension, avec tout ce qu'on raconte par ici...Mais finalement pas de problème, un petit « buenos dias » aux personnes rencontrées, et le courant passe.
En fait, sur ce chemin vite magnifique, on ne rencontre pas grand monde. Cette fois je n'ai croisé qu'une famille qui prenait l'air, un joggeur, et deux porteurs de sombreros qui conduisaient trois mules lourdement chargées de bois. Ici on ne trouve aucun panneau indicateur, mais l'immense forêt est fort bien pourvue en sentiers praticables utilisés par les gens du coin exploitant les ressources de la forêt. On croise parfois des porteurs de machettes ou de haches, qui partent au boulot. Outre le bois coupé, ils ramassent à pleins sacs les pommes de pin qui abondent. Elles sont parfaites pour faire chauffer les tôles sur lesquelles cuisent les tortillas ou la farce des tacos, car à la périphérie de la cité, on économise le gaz, assez onéreux par rapports aux revenus.
Tour à tour la forêt prend l'aspect de superbes futaies ou de taillis très secs, dans les zones où apparaissent encore les blocs de lave crachés par les anciens volcans.
Je suis allé cette fois jusqu'à près de 2000 mètres d'altitude, au dessus d'un cratère boisé dit Herradura qui comme son nom l'indique possède la forme d'un fer à cheval. Tout est volcanique ici. Plus bas, les gens de Santa Catarina, village dépendant de la municipalité de Tepoztlan, exploitent toujours, à la masse, des carrières de lave, un métier particulièrement physique.
Depuis la maison, j'avais grimpé pendant plus de deux heures, soit 400 mètre de dénivelé ; j'aurais bien poursuivi, mais il me fallait rentrer avant le cagnard. Cependant, j'avais exploré précédemment ce chemin jusqu'à la route de Cuautla, milieu naturel superbe de plus en plus sauvage car cette forêt d'altitude est immense. Au delà, d'après ce que j'ai vu sur Google earth, l'itinéraire continue vers l'est jusqu'à une épingle à cheveux qui le ramène vers l'ouest jusqu'au village de Tres Marias, ce qui représenterait une trentaine de kilomètres de chemin de cailloux (ancien ballast?), dont je ne sais pas s'il est praticable, mais c'est probable. Une aventure à tenter, jusqu'à 2800 mètres d'altitude... Ce sera pour le prochain séjour.
En attendant, cette ancienne voie ferrée représente une aubaine pour qui veut se balader en pleine nature, d'autant plus que la pente, qui devait être accessible aux trains, reste raisonnable.