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Quel événement sur ce blog, il y a cinq ans, à Cuernavaca ? Je vous propose de remonter le temps, jusqu'au 22 février 2014, pour voir quel événement s'est produit à l'époque. J'ajouterai que l'action, bien délimitée dans l'espace et dans le temps, n'a pas nui à la petite biodiversité du jardin et que la plante concernée vit toujours, en bon état, et n'a plus jamais été attaquée. Je pense aussi n'avoir détruit que la colonne d'assaillantes et non leur colonie, mais qu'elles ont compris que les lieux visés n'était pas vraiment hospitaliers...
Les bestioles, grosses et petites, au Mexique, il n'est pas besoin d'aller au devant d'elles, dans la nature, pour les rencontrer. Il suffit, pour paraphraser l’Évangile, de les laisser venir à soi.

Ainsi ai-je eu l'occasion, dans mes chroniques, de parler vautours, sarigues, ratons laveurs, et aussi araignées, scorpions, papillons, punaises, bourdons et libellules, sans oublier de magnifiques orthoptères d'un magnifique vert tendre. Mais aujourd'hui nous entrons dans le monde impitoyable si bien décrit par l'écrivain Bernard Werber sur le site duquel on trouve : « Le temps que vous lisiez ces lignes, 700 millions de (…) seront nées sur la planète. Sept cents millions d'individus dans une communauté estimée à un milliard de milliards, et qui a ses villes, sa hiérarchie, ses colonies, son langage, sa production industrielle, ses esclaves, ses mercenaires, ses armes aussi. Terriblement destructrices. »

Tout cela va se vérifier dans les lignes qui suivent, mais j'ai voulu, dans un premier temps, grâce aux points de suspensions, ménager le suspense.

ATTAQUE SUR LE TERRITOIRE VEGETAL

En effet, en préambule, il faut dire que Brigitte voue un grand amour aux plantes qui ornent le jardin, plantes qu'elle soigne de sa verte main, qu'il s'agisse des petits palmiers, des rosiers, des philodendrons et autres plantes grasses ou non.

Or, voici quelques jours, elle m'alerte, catastrophée : Regarde l'arum qui était en pleine santé, il est complètement dévoré !

Non seulement feuilles vertes et fleurs blanches avaient été grignotées par des dents voraces comme à l'emporte-pièce, mais maints débris, en train de sécher, jonchaient le sol. Un spectacle d'autant plus désolant que les proches azalées, en pleine floraison, n'avaient pas été épargnées. Et que deux rosiers commençaient à être ravagés. Le prédateur se montrait éclectique.

QUI EST RESPONSABLE ?

Et de nous interroger longuement sur le ou les responsables du massacre. Un examen attentif des plantes ne révélant la présence d'aucune chenille (de grosses larves, éliminées à la main, avaient précédemment anéanti le feuillage du papayer) nous en étions réduits aux hypothèses. Comme il était peu probable que de petits mammifères soient venus brouter dans les feuillages, nous avons pensé à la visite nocturne d'insectes phytophages tels que les sauterelles, les grillons et les criquets, visiteurs réguliers mais apparemment inoffensifs du jardin.

Bien que nous tentions d'en limiter l'usage, nous nous sommes donc résolus à l'emploi d'un insecticide, pulvérisé le jour même sur les plantes les plus menacées afin de tenter de les protéger de la voracité de l'importun nocturne.

Cependant, désireux d'en avoir le cœur net, j'ai fait une ronde après la tombée de la nuit, armé d'une torche.

UNE ARMEE EN BON ORDRE

J'ai commencé à scruter les feuillages pour tenter d'y distinguer quelque orthoptère, ou larve de lépidoptère, et quelle ne fut pas ma stupéfaction de découvrir une invasion en règle du jardin, une véritable attaque dans l'obscurité après une journée sans nulle escarmouche.

Pas de criquet ou de chenille dévastatrice dans les plantations, mais une armée de grosses fourmis, constituée d'une myriade d'ouvrières actives, et aussi de quelques soldats aux grosses têtes armées de puissantes mandibules.

Ces puissantes divisions de fantassins à six pattes n'opéraient pas en ordre dispersé. J'en suivi, avec la lampe de poche, la colonne ordonnée, du pot contenant le bouquet d'arums jusqu'au mur de briques nous séparant du vaste terrain voisin, complètement en friche, recelant certainement une fourmilière colossale.

L'armée des fourmis, en bon ordre, franchissait donc la maçonnerie, trottait en une longue file à travers le patio sur une quinzaine de mètres, escaladait la jardinière de terre cuite, venait découper des pièces vertes dans les feuilles de la plante, et s'en repartait aussitôt, portant ou traînant son butin végétal, sans avoir l'air de souffrir de la pulvérisation préventive d'insecticide de l'après-midi.

LE GROS DE LA TROUPE APRES L'AVANT-GARDE

Les fourmis, insectes hyménoptères qui comme les abeilles constituent des sociétés structurées, travaillaient en bon ordre. On pouvait imaginer que dans un premier temps, des pionnières, des éclaireuses, avaient découvert la tendre touffe d'arums, et qu'elles avaient ensuite informé la multitude de l'aubaine car actuellement la sécheresse fait que dans les jardins non irrigués, il ne se trouve plus, à se mettre sous la dent, la moindre verdure qui par contre abonde dans les jardins bien arrosés.

Nous étions donc confronté au spectre d'une dévastation aussi totale que programmée par l'innombrable horde qui telle celle d'Attila, ne laisserait pas l'herbe repousser.

Il fallait choisir entre les insectes voraces, tels des criquets pèlerins, fléau biblique, et la sauvegarde de notre cadre de vie verdoyant. La décision ne se fit pas attendre : muni d'une bombe d'insecticide, non celle destinée aux mouches et moustiques, mais celle plus concentrée réservée aux rampants que sont cafards et scorpions, j'ai attaqué la cohorte innombrable, impitoyable guerre chimique en dépit des conventions internationales interdisant l'usage de ce type d'arsenal.

GUERRE CHIMIQUE

Le produit s'est démontré être d'une grande efficacité car bientôt des milliers de petits cadavres se sont recroquevillés sur le sol tandis que sur le mur, l'assaut était brutalement stoppé. Une première victoire qui restera à confirmer et qui me laisse quelques remords qu'atténuera un rapide debriefing : après tout, nous nous sommes contentés de défendre notre territoire, sans aller attaquer l'ennemi jusque dans le sien.

Si le service de renseignement de la fourmilière fonctionne aussi bien pour signaler les périls que pour informer de la présence d'un possible butin, l'intelligente collectivité devrait éviter toute future incursion en territoire miné. Bon sens qui nous évitera de sortir à nouveau l'artillerie, mais je ferai du fameux mur notre ligne Maginot !

Et en attendant, il y a plus qu'à bichonner ce qui reste de l'arum, afin qu'il retrouve sa beauté. Pour cela, il y a la main verte...qui succède à la main de fer...

P.S. : Dernière heure : hier soir, nouvelle attaque en ordre dispersé, un baroud d'honneur vite repoussé !

Sur le champ de bataille, après l'assaut.
Sur le champ de bataille, après l'assaut.

Sur le champ de bataille, après l'assaut.

Un territoire dévasté.

Un territoire dévasté.

Tag(s) : #Vie quotidienne, #Environnement
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