/image%2F0814297%2F20140215%2Fob_225ec1_cuvillier-hingrez.jpg)
Illustration : copie d'écran du site internet de la ville de Boulogne-sur-Mer
La pratique est étonnante. C'est celle d'un maire qui nommé ministre, abandonne par le truchement d'un scrutin municipal son mandat à un adjoint, se réservant, s'assurant de retrouver ensuite son poste majoral quand il quitte, à plus ou moins longue échéance, le gouvernement.
C'est ainsi qu'en juillet 2012 Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, nouveau ministre délégué chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, s'était réjoui et montré « fier d'être le premier maire de Boulogne à faire élire une femme », en l'occurrence Mireille Hingrez-Céréda. En réalité, il ne s'agissait que d'un intérim d'une durée variable...
En effet, dans sa récente lettre aux Boulonnais, Frédéric Cuvillier annonce qu'aux futures municipales il mènera la liste « J'Aime Boulogne » et précise que Mireille « assume la fonction majorale avec fidélité à nos engagements, détermination dans l'action et grande compétence (…) et qu' « elle poursuivra cette mission LE TEMPS DE MA PRESENCE au gouvernement. Je serai à ses côtés. »
Voilà qui a le mérite de la clarté.
Donc en deux mots, LA maire de Boulogne garde au chaud, le temps nécessaire, la place du ministre, dont elle n'est effectivement que la représentante, bien qu'élue très normalement et légalement par le conseil municipal.
Cette pratique est courante j'imagine, mais est-elle vraiment acceptable ? N'est-ce pas un moyen de contourner le non-cumul des mandats en faisant de la maire élue une simple intérimaire ?
Je crois qu'un maire accédant aux plus hautes fonctions devrait prendre le risque de ne pas retrouver le confort de son fauteuil local, et vue sa dimension politique accrue, se tenir alors prêt pour d'autres combats de niveau national. Sinon, c'est faire peu de cas de la personne mise en place provisoirement.
PARITÉ HOMMES-FEMMES
Surtout dans ce cas précis où l'on pouvait se réjouir, à quelques semaines de la « Journée Internationale des Femmes » et dans un pays où la parité politique hommes-femmes est loin d'être respectée, d'avoir à la tête d'une grande mairie une femme de qualité ayant les pleins pouvoirs et dont la mission ne serait pas remise en cause par un toujours prévisible remaniement ministériel. Quand le site internet de la ville de Boulogne titrait en 2012 « Mireille Hingrez élue » il aurait du préciser « provisoirement ».
Je crois sincèrement que ce type de comportement contribue à faire de la classe politique une caste s'accrochant au pouvoir, mais une caste rejetée par un nombre toujours plus grand de Français, c'est bien le drame dont souffre aujourd'hui la démocratie.
On peut donc souhaiter le succès de la liste J'Aime Boulogne, tout en espérant de voir une femme présider à la destinée de la ville durant un mandat complet.
En matière de changement des mentalités, il y a encore un long chemin à accomplir...
PRÉCISION : Selon une info publiée par Lelab.Europe1.fr, F. Cuvillier serait le seul ministre tête de liste aux futures municipales, ce A LA DEMANDE de la maire sortante. A suivre...
N.B. : à ne surtout pas comparer, quand même, avec cette histoire corse d'une épouse remplaçant provisoirement son mari...inéligible...pour lui garder sa place au chaud !