Au marché d'Alta Vista : miam-miam ! De la cecina de Yecapixtla

Encore un marché me direz-vous... Oui, mais il est très différent du précédent. C'est un marché citadin. J'y vais à vélo car il n'est qu'à cinq km de la maison, mais je ne charge pas trop le sac à dos, pensant à la côte à gravir au retour, partiellement sous les ombrages de la promenade Atzingo.

Me voici donc arrivé au marché couvert dit « Mercado municipal de Alta Vista », quartier populaire situé entre deux profonds ravins habités de Cuernavaca.

Quand j'arrive de bonne heure au mercado, une grande partie des boutiques est encore fermée, mais il y en a assez d'ouvertes pour que j'y trouve mon bonheur : des avocats qui ne sont parfaits que dans le petit commerce, donc ici, car ils sont moins bons et plus chers en grande surface, et des tomates parfumées cultivées localement, entre ville et forêt.

J'aime le contact avec les marchands de primeurs avec lesquels on peut papoter et qui me fournissent exactement la quantité désirée. L'autre jour, j'ai aussi trouvé, au mercado, des bonbons au détail comme on en avait en France dans les petites épiceries de jadis, trois cents grammes pour moins d'un euro, j'ai de quoi me régaler et tant pis pour ma ligne, ça me servira de carburant pour pédaler. Dans les supermarchés, on trouve souvent des pommes importées des USA, mais ici j'ai dégoté des pommes « nationales » moins chères et plus parfumées.

Quant à la boucherie, je commence à en connaître le tenancier : il m'a taillé de magnifiques côtelettes de porc, bien fraîches, mais d'une épaisseur ! A l'opposé, au supermarché, les côtelettes sont coupées à la scie dans des blocs congelés...

Non loin, je suis tombé en arrêt devant un stand que je ne connaissais pas encore. La cecina s'y étalait, et pas n'importe laquelle, de la cecina de Yecapixtla. C'est un vrai label. Yecapixtla est un village situé à l'est de l'état de Morelos, donc à environ 50 km de Cuernavaca. Il est réputé pour cette viande provenant de bœufs sélectionnés, coupée en tranches fines, à la main, avec virtuosité, puis salée savamment avant d'être séchée au soleil dont l'ardeur des rayons mexicains la boucane, la cuit en quelque sorte.

J'en avais dégusté au restaurant mais là, j'ai pu enfin en préparer à la maison, en la passant tout simplement à la poêle dans un peu de beurre, et c'est délicieux, mais il faut aimer son goût très prononcé, qui peut aussi dérouter. La vendeuse qui m'a servi la cecina était charmante. Après avoir pesé mes trois cents grammes, elle a rajouté une tranche pour faire bon poids, plus un morceau de saucisse pour me récompenser de mes tentatives de mieux parler espagnol.

Avant de partir, je me suis offert un bon soda, un refresco comme on dit ici, car la cecina... ça donne soif. Mais je préfère la cecina avec du bon vin de Basse Californie.

A noter qu'à la sortie du mercado, j'ai bien retrouvé como de costumbre mon vélo sagement attaché par un câble à son pylône habituel ce qui prouve qu'ici, dans un quartier de banlieue, dans une ville à la réputation médiocre en matière de délinquance, l'insécurité n'est pas plus manifeste qu'ailleurs...

Gracias à Héctor González pour le cliché.