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Un autel pour la paix devant le palais du gouvernement
Cet espace étonnant, à Cuernavaca, j'ai choisi de le présenter le jour de Noël puisque traditionnellement, la célébration de la Nativité, que l'on soit croyant ou non, nous illumine en un jour de trêve, en un jour d'armistice ancestrale et sacrée, même si souvent violée.
Ce lieu est situé à la porte du Palais du Gouvernement (de l'état de Morelos) en plein centre la cité « de l'éternel printemps ». Il est comme un mémorial, comme un autel, foisonnant de croix modestes, qui évoquent les victimes d'une délinquance endeuillant encore la Nation ; notamment celles d'enlèvements, les photos représentant, alors l'outil et l'espoir, même ténu, de les retrouver un jour.
Croix de bois et affiches sont de fabrication artisanale, familiale, à proximité d'une plaque d'aspect plus pérenne que signe le Mouvement pour la paix, dans la justice et la dignité en exigeant « pas davantage de sang, pour le droit à vivre « en paz ».
Je lis bien mal l'espagnol, mais je n'ai pas remarqué de propos haineux parmi ce Golgotha illustré de messages, de photographies et de crucifix. Seulement des revendications qu'on pourrait dire de « salut public », des paroles d'espérance, des appels à perpétuer la mémoire, que signent des proches éplorés comme ce « recuerdo a tu memoria de tus padres y hermana » ; ces slogans représentent un appel à la justice (parfois divine), à la vérité, à la fin de l'impunité. Tous ces messages sont rédigés non seulement pour émouvoir mais surtout pour sensibiliser, dans un pays où les braves gens qui je crois sont légion prennent ardemment la parole pour exprimer leur besoin primordial de vivre tranquillement. J'avais aussi trouvé semblable message, sous la forme d' une prière, dans une église paroissiale de Cuerna...
Particulièrement émouvantes sont ces photos montrant une jeune fille enceinte, disparue, enlevée à l'affection des siens. L'ensemble constitue un hommage aux victimes et aussi une manifestation populaire, et ce qui peut étonner, c'est que ce bouquet de croix et de slogans soit présent depuis plusieurs années, respecté et toléré par les autorités juste devant un bâtiment fort officiel. Je ne sais pas si une telle chose serait possible dans tous les pays, et notamment en terre de France, à la porte de quelque siège ministériel ou gouvernemental... On pourrait y voir, ici, un signe de liberté d'expression...
PS : A propos de l'expression libre en ce pays, j'ai souvent remarqué que le Zócalo de la capitale, la ciudad de México, était souvent le cadre d'importantes manifestations revendicatives.