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Mardi 29 octobre
Bien sagement elle m'a attendu pendant six mois, ma petite reine qui m'est restée fidèle, puisque, à défaut de ceinture de chasteté, je l'avais entravée avec un fort antivol. La libérant, je ne lui ai pas dit que je l'avais trompée, sans remords, sur tous les itinéraires imaginables, des sommets du Morvan à la vallée de la Loire, en passant par le pic météorologique du mont Aigoual.
Ma bicyclette mexicaine, qui n'est pas une pur-sang comme ma française, est tout à fait adaptée au relief local. Son petit braquet est ad hoc. Ses roues énormes aux pneus crantés de VTT résistent aux pavés disjoints et amortissent bien les chocs des nids de poules et ralentisseurs dits « topes ». Sa selle un peu basse favorise l'équilibre en descente et permet de gravir les rampes en souplesse. Certes elle n'est pas académique, mais son aspect rustique ne tente pas trop le larron qui pourrait la guetter pendant que je fais mes emplettes au marché coloré de la capitale de l'état de Morelos.
Je peux donc me régaler sans complexe, dévaler vers le centre de Cuernavaca dont j'aime l'atmosphère du petit matin, quand les commerçants dressent leurs étals sous des parasols indispensables dès que les dix heures sonnent. Et remonter par la terrible « subida » en me dopant au Coca. Très bientôt, quand mes poumons se seront à nouveau adaptés à l'altitude, je passerai vers Chalma, fameux pèlerinage, le cap des deux mille mètres, franchissant une rampe à 15% pour gagner, dans la montagne ombragés de pins odorants, les petits villages ruraux que j'adore pour leur authenticité.
Mais tout cela, je viendrai bien sûr vous le raconter, sur cette page...
PS : Le lecteur aura compris qu'à Cuernavaca, le cycliste, quand il ne monte pas, il descend, et vice-versa. Ce qui est excellent pour se forger des mollets d'acier...
Sur cette photo d'archives, la petite reine avait trois ans de moins, et le cycliste aussi...