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Vers quelle société allons-nous ? Me suis-je demandé à la caisse de mon supermarché habituel, où les bavardages entre l'hôtesse et quelques clients se montrèrent d'abord favorables à la droite extrême avant de virer à une prévisible xénophobie. Autant d'idées qui ne s'expriment plus, comme par le passé, à voix basse.
Rejet de l'autre donc, que j'ai craint aussi en assistant, oui en assistant, à la télévision, aux émeutes de Moirans en Isère. Les « gens du voyage » y sont une nouvelle fois cités dans une affaire de violences incendiaires pour réclamer, à l'occasion d'obsèques, la présence d'un détenu, ce à l'issue d'actions délictueuses. Gens du voyage qui invoquent, pour justifier les violences, la notion de « respect » ce qui en de semblables circonstances me laisse pour le moins perplexe.
Toujours est-t-il que les exactions de ce type ne contribueront pas à rapprocher les populations sédentaires de celles qui depuis des générations ont choisi de sillonner les routes avec leurs caravanes, provoquant des phénomènes de rejet quand l'installation de leurs campements s'avère illicite. Communautés dont l'esprit de liberté et de solidarité est susceptible d'engendrer la sympathie, mais dont certains agissements dégradent l'image, même s'ils ne sont le fait que d'une minorité mal inspirée incendiant routes et voies ferrées.
C'est à ce niveau que le maintien de l'ordre, par les pouvoirs publics, doit se montrer efficace.
Hélas, malgré les promesses de sanctions proférées chaque fois par le gouvernement, les victimes des manifestations et émeutes ne peuvent que déplorer l'inefficacité des forces de l'ordre, tandis que les auteurs bénéficient d'une incroyable impunité.
A chaque incident, le scénario est quasiment le même : le téléspectateur assiste quasiment en direct aux évènements. Cette fois il a vu distinctement des hommes cagoulés dérober des engins de chantier, pousser des voitures sur les rails, y mettre le feu, bâtir des barricades enflammées sur les routes, sans que la police ou la gendarmerie ne procèdent à une seule arrestation en flagrant délit. Le commun des mortels a bien du mal à comprendre cette passivité ou cette impuissance, surtout quand il apprend que pendant les faits, qui se prolongent dans le temps, des vidéos ou photos sont réalisées, à partir d'un hélicoptère, par les forces de l'ordre en vue de l'enquête postérieure.
On sait ce que cela donne quand les auteurs de faits similaires, cet été, dans la Somme, n'ont pas encore été interpellés. Qu'attend-on ? Ne rien faire, c'est donner un signe évident que les méfaits peuvent continuer. Et on a du mal à comprendre comment les dégradations entreprises peuvent être ainsi menées à leur terme, sans que manu militari, on y mette un coup d'arrêt, et même si les effectifs de police sont suffisants.
Espérons pour conclure que le mot de Chamfort ne se vérifiera pas encore une fois : « En France on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin ». Alarme que je sonne aujourd'hui quand trop de tolérance ne peut conduire qu'à la chienlit.
Le droit de s'exprimer et de manifester ne devrait pas dégénérer jusqu'à l'expression d'une violence barbare pénalisant les braves gens impuissants devant un tel déferlement de colère, ce dont la télé a bien rendu compte.
C'est vrai aussi pour certaines actions à caractère social ou syndical bénéficiant d'un laxisme manifeste et d'une extraordinaire impunité.
Alors que le citoyen lambda sera poursuivi avec efficacité et sévérité pour la moindre entorse au code de la route, pour le moindre oubli fiscal...
Il nous faut choisir entre Jules Lemaître pour qui « la tolérance est la charité de l'intelligence » et le Marquis de Sade jugeant que « la tolérance est la vertu du faible »
Illustrations : Une simple recherche sur Google met en évidence qu'après les évènements de cette année, l'image des « gens du voyage » a tendance à se dégrader.
Internet envahi par l'affaire de Moirans qui après d'autres évènemments, est certainement celui de trop !