Au départ de Le Pont-de-Montvert : le Tarn sourd au pied du mont Lozère

1 Juillet 2014

Il est si fort d'être là, où le Tarn prend sa source, au pied du mont Lozère !

L'orage menaçant, ciel plombé, rend plus impressionnant encore le paisible colosse. Son grondement roule sur les chaos de granite, épandus sur les pentes tels des poignées de graviers semés par un géant monstrueux, parmi le tapis jaune des genêts.

L'espace énorme écrase les fourmis bipèdes qui progressent à petits pas. Chaque sente gravissant les hauteurs, à près de 1700 mètres, invite à marcher encore et toujours pour le seul bonheur d'avancer dans - et de s'intégrer à - cet univers où l'humain se faisant rare trouve une dimension nouvelle.

Le Tarn chantant dans les cailloux roulés depuis des siècles s'élargit sans cesse en dégringolant, créant des vasques profondes conviant à la baignade, invitant à la traversée de ses gués, en équilibre sur les moellons émergés.

Entouré de pelouses fleuries contrastant avec les landes dorées, le petit village de l’Hôpital sommeille. Construits avec d'énormes blocs de pierre issus des pentes fécondes en matériaux, il chante dans cet ancien moulin, destiné sans doute à battre les céréales, où le ruisseau pourrait soudain faire tourner à nouveau les engrenages du temps.

Temps qui semble s'être arrêté au pont romain bâti par les envahisseurs de la Gaule sur le Tarn naissant. Certes, ce n'est pas le gigantesque pont du Gard, mais j'ai rarement admiré en France site plus équilibré dans sa beauté sereine. Les siècles s'écoulent ici, emportés par l'affluent de la Garonne qui a encore près de 400 kilomètres à franchir avant ses épousailles avec le fleuve atlantique. Les parcelles fécondes, sous les déserts minéraux rongés par les lichens, font songer que l'homme s'acclimatant ici sera forcément de caractère !

Alors, on se sent tout chose en retrouvant la civilisation à Le Pont-de-Montvert, où des compagnies de motards font halte entre la rivière et les restaurants, après avoir sillonné les routes en lacets. Mais il restera des sommets qui ne peuvent se conquérir qu'à la force des mollets, valant mieux que les pétaradantes montures, et préservant mieux l'environnement !